Une psychothérapie réussie
ou relation réussie entre médecine et psychanalyse
Diane Sourrouille
Paris, le 6. II. 2013
Marianne est venue me rencontrer pour la première fois durant un été, car elle souffrait notamment dans ses relations familiales et avec son conjoint. Par ailleurs, elle était inquiète pour sa santé car elle avait souffert d’une maladie organique qui l’avait rendu très dépendante et après une rémission totale quelques mois plus tôt, de nouveaux ennuis de santé laissaient envisager une rechute.
Elle vint me rendre visite pendant moins de six mois, deux fois par semaine, dans le cadre d’une psychothérapie. Rapidement elle put proposer lors d’une séance ce que Fernando de Amorim a nommé une fantasmatisation de l’organisme, soit une interprétation sur les causes de sa maladie organique en occupant la position de patiente. Lors d’une séance elle se rendit compte que cette maladie était survenue juste au moment où elle allait entrer dans la vie active, c’était donc un moyen de repousser le moment de devenir adulte.
Par la suite, elle put dire quels bénéfices narcissiques elle pouvait tirer de cette période de maladie mais aussi nommer ce qu’elle avait ressenti dans son corps durant celle-ci, ce qu’elle n’avait jamais fait jusque là : « c’est la première fois que je mets des mots sur ce qui m’est arrivé ». Par ailleurs, elle put progressivement accepter les conséquences de cette maladie et apaiser la résistance du surmoi, résistance tyrannique qui la poussait à toujours aller au bout de ses limites physiques.
Un autre versant important durant ses séances, fut de mettre au jour son agressivité en lien notamment avec sa relation à sa mère, figure imposante à laquelle elle commençait à entrevoir qu’elle ressemblait et dont elle voulut prendre des distances. Ses séances montrèrent combien elle était partagée entre son amour, sa haine et sa culpabilité vis-à-vis d’elle et comment cela avait aussi des effets ailleurs, notamment dans sa relation de couple.
À travers ses séances, Marianne pu dire qu’elle se sentait « moins hystérique », selon ses mots. Elle dit aussi que « avant quand ça n’allait pas, mes émotions elles étaient ancrées mais j’en parlais peu. Je prenais tout à bras le corps, maintenant ça reste plus autant ancré, ça s’évacue ».
Ses examens de santé révélèrent que l’alerte quelques semaines plus tôt n’avait plus lieu d’être, les lésions ayant disparus progressivement dans l’organe touché. Par ailleurs, elle fit plusieurs examens qui permirent de dire que sa rémission était bien réelle, ce qu’elle ponctua par « en fait la maladie n’est plus dans mon corps depuis plusieurs mois mais je vivais encore comme si la maladie pouvait être là, aujourd’hui c’est vraiment du passé ».
Marianne vint finalement lors de l’hiver suivant à une séance me disant que celle-ci était la dernière car tout allait bien dans sa vie. Après avoir interrogé avec elle les raisons qui l’avaient amené à me rencontrer, elle put me dire que chacune étaient réglées pour elle et qu’elle ne souffrait plus. Il s’agissait donc à priori d’une fin de psychothérapie puisque par ailleurs, Marianne n’avait pas mis au jour un désir de savoir, désir qui aurait pu l’amener à entrer en psychanalyse.
Un doute chez moi pourtant subsistait concernant sa fin de psychothérapie pour la raison suivante : elle était venue à sa dernière séance en m’offrant un bouquet et je me demandais si cela n’avait pas pour but d’apaiser sa culpabilité à abandonner sa cure.
Mais finalement, puisque Marianne disait que tout allait bien dans sa vie et qu’elle ne souffrait plus, pourquoi ne pas se contenter de la route accomplie.
Je pris simplement la précaution de lui signaler qu’elle était toujours la bienvenue chez moi.