La technique de l’écarteur !
Edith de Amorim
Paris, le 8. XI. 2012
Quelle expression bien peu ragoûtante ! Et pourtant, quelle efficacité ! Quel effet !
C’est une technique mise au point par Fernando de Amorim inspirée de la chirurgie, mais comme toute technique, il ne faut point laisser le soin à son inventeur d’en dire les avantages et les inconvénients ; ce soin revient à qui en fait usage ; or, cette technique appliquée au sein du RPH, consiste à proposer au patient ou au psychanalysant en proie à une forte détresse, de revenir parler dans cinq minutes, en fin d’après-midi, ou bien tous les jours que dieu fait jusqu’à trouver une paix des braves !
C’est une démultiplication des séances qui s’opère au plus fort du tangage de la cure, moment douloureux, certes, mais qui peut être si fécond pourvu qu’on manie « l’écarteur » sous formes de ces séances itératives permettant de maintenir ouverte la nasse où se tapie l’inconscient !
Pourquoi une brève sur cette technique ? Parce qu’elle permet de souligner cette souplesse clinique à l’intérieur du cadre ! Parce qu’elle permet d’en vivre tant pour le patient, ou psychanalysant, que pour le psychothérapeute ou psychanalyste ! Comment vivre dans une clinique qui ne se conçoit qu’à l’ombre d’une théorie et ne tient pas compte des tourments cruels qui ont conduit jusqu’au cabinet du psychiste l’être en débine ? Comment, s’en tenir à un « A la semaine prochaine ! », quand ce n’est pas plus lointain encore, lorsqu’on a face à soi une personne qui lutte et n’en peut plus ?
La technique de l’écarteur, en dépit de son nom barbare, est une ressource inépuisable d’humaine clinique : tel patient appelle pour dire qu’il a rempli sa baignoire pour se couper les veines, il viendra tous les jours de la semaine ; tel autre blêmit en évoquant ses passages à l’acte, il reviendra dans une heure ; et celui-là qui souffle qu’il se sent perdu, remettra son ouvrage sur le métier demain…
Au-delà de sortir de l’urgence cruelle, la technique de l’écarteur ouvre à l’être en peine et en souffrance une voie possible de dépassement de l’imaginaire, la voie pas encore appienne de la parole, mais c’est en bonne voie !