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La supervision : un élément fondamental dans la formation du psychanalyste – Paris 12ème

La supervision : un élément fondamental dans la formation du psychanalyste

Fairouz Nemraoui

Bois-Colombes, le 20 décembre 2015

         Nous sommes à l’aube d’un savoir qui reste à découvrir, inventer, construire. Antonino Ferro (1) parle de la psychanalyse comme d’une sonde qui élargit sans cesse le champ qu’elle explore. Cette image est plaisante et illustre combien la pratique de la psychanalyse est une suite de questionnements face à laquelle une réponse rigide et fermée devrait éveiller la méfiance de celui qui s’en estime détenteur. Le risque serait en effet de rester cloîtré avec des théories qui prendraient force de vérités infaillibles et empêcheraient alors le clinicien de “descendre dans l’arène de la clinique”, comme a coutume de dire Fernando de Amorim. Autrement dit, il s’agirait de pouvoir se laisser aller à une rencontre susceptible de faire chavirer des croyances ou des théories auxquelles l’on peut parfois s’accrocher de manière virulente mais qui ne sont pourtant pas des règles générales et implacables. La théorie psychanalytique ne prévoit pas le patient à l’avance. C’est plutôt l’inverse ; c’est-à-dire que le patient recrée la psychanalyse chaque jour par la spécificité et la complexité de son fonctionnement psychique. Ecouter les patients amène à entendre tout ce qu’ils ont continuellement à apporter de nouveau et non uniquement retrouver des choses que nous savons déjà et qui renverrait à telle théorie métapsychologique existante.

         C’est en ce sens que le travail de supervision est incontournable. Celui-ci offre la possibilité de dialogues qui sortent le clinicien de son isolement, l’aide à dénouer des difficultés, des questionnements ou des doutes. Ces échanges sont nécessaires pour avancer dans notre pratique clinique. La supervision devient ainsi un dispositif hautement précieux à plusieurs égards.

         En premier lieu, le superviseur aide à sortir de l’obscurité tout en invitant à supporter une dose de malaise. Celle-ci provient du fait qu’il n’y a pas de réponse fixe et rigide face à une difficulté clinique et pratique. Il s’agit d’accepter de maintenir la question ouverte et de consentir à ne pas saisir pendant un temps de quoi il retourne, tout en se laissant guider par les paroles du patient. Nous nous autorisons ainsi à continuer à problématiser, comme un chercheur. En ce sens, elles offrent également de penser notre pratique en nous éloignant parfois d’un savoir rigide appris à l’université et dans les livres.

         Par ailleurs, ce dispositif aide à se remettre en question loin de l’orgueil et à développer une observation critique et distanciée de l’imaginaire.

         La richesse de la supervision naît aussi de la rencontre singulière entre une personne confrontée à des difficultés cliniques et un aîné dont l’expérience et les qualifications permettent d’avoir une idée de la route à suivre. Cette transmission fait grandir le professionnel dans sa pratique. Il ne s’agit en rien ici d’une relation maître-disciple, dont le risque serait que ce dernier se colle trait pour trait à l’image de son super-viseur. En effet, la clinique ne relève pas d’une mécanique de bonnes ou de mauvaises choses à faire à l’image d’un autre, mais d’un art qui suppose souplesse et flexibilité. Cette créativité doit tout de même être soutenue par un fond stable, une route à suivre en fonction par exemple des différentes structures psychiques : névrose, psychose, perversion. Ici, la cartographie du RPH offre un premier éclairage, enrichi par le manuel que les cliniciens de cette même école préparent actuellement.

            En quelques mots, la supervision vise à se responsabiliser face à d’inévitables prises de décision tant conceptuelles que pratiques. Il s’agit de se sentir plus à l’aise et plus légitime avec soi-même et son désir, ce qui vient rendre sa position face au patient bien plus solide.



(1)
Ferro, A. (2009). Psychanalystes en supervision. Paris : Erès