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La sexualité ou la pornographie (la vie ou la mort)

Édith de Amorim
À Paris, le 19 avril 2024

Mea culpa, car je souhaitais vous rendre compte des propos du Professeur Israël Nisand recueillis par Eugénie Bastié et publiés dans Le Figaro du 27 mars dernier – un bail ! – dont je vous livre le lien : « Si on n’éduque pas les jeunes à la sexualité, c’est la pornographie qui s’en charge »; nous sommes presque un mois plus tard…

Du retard dans mon compte-rendu, mais sans trop d’effet car, hélas, le sujet est toujours d’actualité : les enfants ont accès à des sites pornographiques qui ont en commun ce sadisme féminin qui véhicule à vrai dire la position féminine présente dans le fantasme des mâles masochistes et pervers. J’ai envie de crier : à quoi ça sert que Freud se soit décarcassé si c’est pour se retrouver toujours coincé par ces fantasmes issus du masochisme primaire ? Toujours coincées, mesdames, par cette détestation de ce sexe féminin ? Faut-il souhaiter retourner 21 000 ans en arrière, en ces temps où les vulves avaient droit de cité, étaient représentées et exposées bien en vues, sans angoisse, indemnes de l’ombre portée par cet imaginaire débile qui hait et redoute la détumescence, la flaccidité, le manque, la castration imaginaire ?

Ne laissons pas nos enfants se nourrir de cette pornographie édifiée par des brutes aux courtes vues et sempiternelles ; cette pornographie – aux mains d’hommes malheureux et régressés – est à la sexualité ce que le Champomy® est au Champagne : un ersatz, un succédané. Sauf qu’à le servir en tant que vrai, il y a carnage assuré. Et le pornographe revêt le vrai par ce moyen miteux mais toujours efficace : le tabou.

Des parents coincés dans leur propre sexualité servent à leurs rejetons la peur, le dégoût et le diable en guise de viatique pour éviter cette rencontre avec la sexualité, avec l’autre sexe. Et cet autre sexe, en 2024, c’est toujours celui qu’on voit érigé. Celui qu’on ne voit pas n’a pas, comme à Lascaux, droit à cette poétique humaine et vivifiante de la représentation et de l’onction du beau mystère, par exemple, non il est figure de l’horreur indicible et de l’angoisse belliqueuse.

Israël Nisand évoque cette autre conséquence navrante de cette pornographie qui sévit encore de nos jours et attire toujours les innocents : « Peut-on accepter le cœur léger d’avoir encore 15 000 IVG par an chez les mineures ? », ouvrant le bal des vérités, fardées comme des camions volés, avancées par les jeunes filles : « Je croyais que les premières fois on ne risquait rien. » Autre réjouissance : il nous entreprend d’« anxiété écologique », traduisant les demandes importantes de la part des jeunes quant à leur stérilisation.

La mort partout rôde et Israël Nisand écrit : Parler sexe, comment informer nos ados qui paraît chez Grasset.

À lire. À inviter.