Aubène Traoré
Deuil-la-Barre, le 3 octobre 2024
Dernièrement, un homme m’expliquait qu’avant de m’appeler, il avait consulté un psychiatre pendant huit ans, qu’il avait suivi des traitements à base d’antidépresseurs et d’anxiolytiques, puis, au vu des effets non stables de la thérapie, il se serait tourné vers les techniques cognitivo-comportementales. Assez rapidement, il en a ressenti les effets, mais il regrette qu’ils ne se soient pas inscrits dans le temps. Plus d’un an après, « la peur paralysante de vomir » et « les nausées omniprésentes » ont repris de plus belle, il n’ose plus sortir de chez lui.
Cet homme, comme d’autres personnes en recherche d’un traitement efficace contre la phobie spécifique du vomissement, m’appelle pour une prise de rendez-vous.
La question vient très rapidement : « Êtes-vous spécialiste de l’émétophobie ? » Pas le temps de parler souffrance, pas de place à l’improvisation, le terrain est balisé, la rencontre doit être préparée et sous contrôle. Celui ou celle qui appelle « sait » déjà ce qui lui faut : « j’ai besoin d’un psychologue spécialiste de l’émétophobie…vous connaissez l’émétophobie ? Vous avez déjà reçu des personnes émétophobes ? Vous savez comment traiter l’émétophobie ? ».
Le dictionnaire Larousse définit l’ « expert » en quelques mots : « celui qui connait quelque chose grâce à une très longue pratique [1]». À ce stade, qui détient le mieux l’expertise de son émétophobie que l’être lui-même ?
J’écris « son » émétophobie, grâce à une jeune femme venue me consulter il y a quelques années : « mon émétophobie me fait souffrir depuis l’adolescence », avait-elle dit en séance. Quelle juste formulation ! Il s’agit bien là de « son » émétophobie, et pas celle d’un autre. Même si les symptômes sont bien décrits par la nomenclature psychiatrique pour désigner une phobie, aucune émétophobie ne se ressemble. Sous le même diagnostic, les symptômes ne peuvent en aucun cas être rattachés aux mêmes ressentis, être associés aux mêmes pensées, se déclencher dans les mêmes circonstances, être adressés aux mêmes objets. Pour Madame X, ce qui est signifié par le terme d’émétophobie, sera associé à un signifiant tout à fait différent de celui choisi par Monsieur Y.
Consulter une psychologue spécialiste de l’émétophobie invite à associer librement sa phobie de vomir, ses pensées, à parler son corps et ses rêves. En psychothérapie, il n’y a d’expertise que celle du patient qui se fait chercheur et curieux avec un désir d’apprendre de lui-même… avec l’aide d’un autre. C’est à cet effort de « laisser parler la pensée qui vient », que la souffrance peut s’apaiser, les symptômes s’atténuer, en trouvant une autre voie d’expression que celle du corps.
À Deuil-la-Barre, Aubène Traoré, psychologue clinicienne, accueille toute personne qui cherche un psychologue spécialiste de l’émétophobie, du lundi au samedi, au 13 Rue du Crochet, à Deuil-la-Barre.
[1] Dictionnaire Poche Larousse, Édition 2023, p.317