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Quelle pression !

Jean-Baptiste Legouis
Paris, le 27 février 2025

Il y a plusieurs décennies, j’ai entendu Fernando de Amorim, lors d’un de ses séminaires, parler de la gravité comme d’une force subie par l’organisme en permanence. Il disait que l’être humain devait toute sa vie lutter contre cette force qui pèse sur lui sans qu’il s’en rende compte, en permanence, pour se mettre debout et se maintenir dans cette station. Cette parole m’avait marqué et je l’ai, depuis, régulièrement entendue.

Dans le même ordre d’idée et grâce au physicien Julien Bobroff, chercheur au CNRS et professeur à l’université Paris‑Saclay, qui anime une chaîne YouTube de vulgarisation scientifique, j’ai découvert que nous supportons en permanence 10 tonnes de pression sur notre corps[1].

Dans cette vidéo, le physicien explique à son interlocuteur que la pression atmosphérique est le résultat des molécules composant l’air qui nous entoure. Ces molécules poussent en permanence sur notre peau, ce qui provoque une pression. Cette pression est d’une dizaine de tonnes sur l’ensemble de notre corps et de 300 kilogrammes rien que sur notre visage. Il explique ensuite que, si nous ne sommes pas écrasés par cette pression extérieure sur notre corps, c’est parce qu’il y a une force interne qui résiste à cette pression. De l’autre côté de la peau, à l’intérieur du corps, il n’y a pas du vide, mais différentes matières liquides et des fluides qui font pression en sens inverse vers l’extérieur et compensent la pression extérieure que nous subissons.

Il explique que, lors d’un entrainement, un spationaute s’est retrouvé accidentellement, quelques instants, dans du vide (sans pression atmosphérique). Il a rapidement perdu connaissance, mais a eu le temps avant cela de sentir dans sa bouche que sa salive se mettait à bouillir. Sans pression, les liquides se mettent à bouillir à 20° Celsius.

J’ai, à de nombreuses reprises, constaté l’effet de la pression sur l’ébullition à la montagne. Il y a quelques années, en vacances avec des amis dans une vallée de la Vannoise, à 1 500 mètres d’altitude, je préparais des spaghettis pour tout le monde. J’ai été surpris de constater que l’eau bouillait plus rapidement que d’habitude, mais que, en revanche, les pâtes n’étaient pas cuites au bout des 9 à 10 minutes habituelles et qu’il avait fallu 15 bonnes minutes pour qu’elles soient prêtes, al dente. L’explication est que, à cette altitude, la pression est moindre qu’au niveau de la mer, donc l’eau se met à bouillir à 95° et non à 100°, comme nous l’avons appris à l’école. Par conséquent, à cette température, les pâtes ont besoin de plus de temps pour cuire. L’ébullition perd un degré de température tous les 293 mètres lorsqu’on s’élève au-dessus du niveau de la mer.

Au niveau de la mer, la pression atmosphérique à la surface de la Terre est de 1 kilogramme par centimètre carré (1kg/cm2). La surface du visage d’un être humain adulte est d’environ 20 centimètres de hauteur et 15 centimètres de largeur, soit une surface de 300 cm2. Cette surface subit bien une pression atmosphérique de 300 kilogrammes environ. En moyenne, la surface corporelle d’un être humain adulte est de 1,7 m2 soit 17 000 cm2, ce qui aboutirait bien à 17 tonnes de pression atmosphérique sur l’ensemble de la surface du corps.

Voilà un exemple du Réel auquel nous avons affaire. Ce Réel dont nous serons sans doute amenés à discuter durant notre prochain colloque intitulé « Le corps en psychanalyse », qui se déroulera le samedi 22 mars 2025, de 09h à 16h30, à la salle Vinci, 25 rue des jeûneurs à Paris.

P.S. Savez-vous quel est l’organe le plus lourd du corps humain ?


[1] Vidéo publiée sur les comptes Instagram @julien_bobroff et @vlanpodcast, visionnée le 24 février 2025.