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Le partenariat entre RPH – École de psychanalyse et psychiatres

Édith de Amorim
Paris, le 21 avril 2025

Il y a peu, avec le docteur Bontemps, nous écrivions une lettre aux professeurs Fossati et Gaillard ainsi qu’aux docteurs Gourion et Masson pour les remercier de leur tribune parue dans Le Monde à propos des pénuries de psychotropes et pour leur faire la proposition de leur apporter notre savoir-y-faire dans la clinique en général, dans celle de la psychose en particulier.

Notre savoir-y-faire devient significativement saillant en cette période de pénurie de médicaments, car dans notre clinique psychothérapeutique et psychanalytique, ça marche sans médicament, avec moins de médicaments ; notre médicament au sein de notre École, c’est la technique de l’écarteur, qui soutient les patients et psychanalysants durant les tempêtes subjectives en leur proposant de venir le plus souvent possible pour associer librement. Ça marche signifie : la clinique avec le transfert, avec le maniement de ce dernier, par le respect de la méthode psychanalytique de l’association libre.

Cette prescription généreuse de séances – l’autre nom de la technique de l’écarteur – le fait que le clinicien supporte le transfert, que ledit clinicien manie le transfert, ont pour effet d’apaiser l’angoisse de l’être et, à partir de cette accalmie nouvelle, de reprendre le travail d’accouchement, c’est-à-dire d’associations libres, pour, enfin, retrouver le chemin du travail, de la vie sociale gagnée à la sueur de son front.

Notre expérience clinique, au contraire de celle du psychiatre et de son manque de temps, est que, souvent, nous avons à examiner si le patient prend ou ne prend plus ses médicaments.

À propos du manque de temps du psychiatre, il est notoirement su que les prescriptions se font, au mieux, de mois en mois, mais bien plus souvent tous les trois mois. Les psychiatres n’ont pas de solution pour pallier ce manque d’observance des indications médicales ni même pour empêcher l’alliance néfaste entre médicaments et alcool. Alors que nous, lorsque le patient ou le psychanalysant ne vient pas à sa séance, immédiatement nous réagissons. Nous remarquons – par son comportement, par sa gestuelle, par ses dires – très rapidement qu’il ne respecte plus la prescription.

Au nom de l’autorité du transfert, nous signalons aux patients ou psychanalysants que nous ne sommes pas d’accord avec la liberté qu’ils prennent avec leurs ordonnances ou leurs séances et nous leur proposons d’augmenter le nombre de séances.

Nous ne travaillons pas contre l’ordonnance médicale. Au contraire, nous sommes toujours à l’affût du plus petit symptôme organique pour indiquer que le moment est bienvenu de consulter, mais nous ne travaillons pas non plus pour la restauration d’un âge d’or médical qui se ferait tailler de gigantesques croupières par les laboratoires pharmaceutiques. Nous travaillons avec le Réel, c’est-à-dire le hic et nunc, et nous écopons, recousons, raccommodons, posons rustines et coudières, rusons pour arracher l’être à cette damnation issue d’un Imaginaire riche en obscènes tourments qui s’imposent à lui, en le faisant ectoplasme d’un Moi massivement aliéné.

Dans ce tourbillon des vies malmenées et assiégées de douleurs, nous ne souffrons d’aucune pénurie de désir de clinicien.