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Un psychothérapeute ne peut occuper la position de psychanalyste à Paris 10



Un psychothérapeute ne peut occuper la position de psychanalyste

Fernando de Amorim 
Paris, 12. V. 2011

Dire de la Loi du 9 août 2004, et de sa confirmation par Décret, de l’article 52, qu’elle est un gain c’est aller un peu vite en besogne : les textes indiquent qu’un psychanalyste peut ne pas être psychothérapeute.

Affirmer cela c’est penser que « psychanalyste » est une place, à l’instar des écoles de psychothérapie qui font de la position de psychothérapeute une place. Il est rarissime que quelqu’un rencontrant un psychanalyste, entre sur le champ en psychanalyse, car, tout d’abord, dans la rencontre avec un psychanalyste celui-ci est mis dans la position de psychothérapeute, par le patient (colonne 2 de la cartographie).

Si ce patient pose sa question à l’Autre, à ce moment-là il devient psychanalysant et celui qui, jusqu’alors, occupait la position de psychothérapeute, devient, lui, supposé-psychanalyste. C’est en sachant occuper la position d’objet a, que le supposé-psychanalyste conduira la psychanalyse du psychanalysant vers la sortie. Si le psychanalysant trouve la sortie de sa psychanalyse, il devient sujet et le supposé-psychanalyste devient effectivement psychanalyste. Psychanalyste pour la société, et, au moins de cette cure, pour l’Ecole à laquelle il appartient.

Cependant, il faut être très clair cliniquement : un psychanalyste peut occuper la position de psychothérapeute. Il l’occupe inévitablement lorsqu’il a déjà assuré au moins une psychanalyse, même si le patient ne le reconnaît pas. En revanche, un psychothérapeute ne peut pas occuper la position de psychanalyste. Ainsi, une école de psychanalyse ne peut exister que si elle est dirigée par des psychanalystes.

Les junguiens sont-ils psychanalystes ? Non. Les adlériens sont-ils psychanalystes ? Non. Prétendre le contraire c’est faire la démonstration, ou bien d’une ignorance absolue de l’histoire de la psychanalyse, ou alors d’un caprice imaginaire avec visée mercantile. Ils peuvent cependant tout à fait assurer, tout comme les psychiatres, les marabouts et les voyantes, la place de psychothérapeute. S’ils veulent devenir psychanalystes pour de vrai, il leur faut chercher un psychanalyste pour assurer leur psychanalyse personnelle. A défaut, ils peuvent continuer à faire ce qu’ils font. S’ils existent, c’est bien parce que leur discours intéresse quelques-uns. Ma remarque n’a pas de visée commerciale ou juridique. Elle est strictement clinique.

La psychanalyse est-elle enseignée à l’université ? Je ne le pense pas. Elle est enseignée dans les groupes d’étude. Au RPH chaque groupe d’étude est constitué de 4 membres, en plus du responsable, dans l’articulation des lectures avec la clinique. Le cœur de cette idée est lacanien. Le lecteur aura connu l’esprit des cartels. Toutefois, au lieu de travailler par thèmes, nous travaillons l’œuvre. Nous lisons l’œuvre de Freud, du début à la fin. De même pour Lacan.

Une fois terminée cette lecture horizontale, rapide mais non précipitée, nous faisons des lectures verticales, par thèmes.

Faire lire par thèmes avant d’avoir faire le tour des œuvres canoniques (Lacan disait cela de Freud, aujourd’hui je peux dire cela pour lui), rend la formation des psychanalystes désordonnée, voire confuse.

La psychanalyse s’apprend en la goûtant sur le divan, dans la clinique, en supervision, en groupe d’étude, en écoutant et en faisant des conférences. A l’issue d’un tel parcours, on a, la plupart du temps, un psychanalyste. La durée de ce parcours est déterminée par le désir inconscient. Et sur ce délai personne ne peut donner un avis.

Travaillons donc et laissons courir. En revanche, nous pouvons, et c’est ce qui est fait au sein du RPH, proposer aux jeunes étudiants, dès leur première année d’étude, de commencer leur psychanalyse, de commencer à recevoir des patients et de participer aux groupes d’étude, au lieu d’attendre qu’ils obtiennent leur diplôme et trouvent un emploi…

En suivant cette voie, ils mériteront plus d’être appelés clinicien que leurs copains, qui se seront limités à suivre les indications reçues sur les bancs de faculté. Un clinicien se prépare sur le terrain, dans le corps à corps symbolique avec celui qui vient lui rendre visite.

On contribue à la formation des psychanalystes en les invitant à cette rencontre des corps.