Paul Bonamy
Paris, le 14 novembre 2024
Une des discussions à propos d’une situation clinique que j’exposais à mes collègues s’est animée autour d’une problématique nouvelle qui tentait de distinguer entre solution et compromis. La situation était la suivante : un psychanalysant parle de sa colère contre son nouveau-né face à ses cris ininterrompus, et ce malgré toutes les attentions qu’il lui portait. Impuissant à faire cesser les pleurs, le psychanalysant a mis son fils dans une pièce et a lui-même attendu dans une autre pièce avec un casque sur les oreilles pour préserver son enfant de sa propre colère qui montait en lui. Cette personne avait-elle donc fait un compromis, ou avait-elle élaboré une solution ?
Mon hypothèse est la suivante : il s’agit d’une solution trouvée par le psychanalysant. Il y aurait eu compromis, selon moi, si le psychanalysant avait agi en partie sa colère sur son fils, juste assez pour composer avec sa jouissance tout en respectant le principe de réalité, à savoir la loi. Le compromis serait alors un contrat, pour reprendre le terme d’Édith de Amorim lors de notre réunion, entre la lâcheté de l’être et le Moi qui cherche à jouir.
La solution serait davantage du côté de la castration : cette personne, en psychanalyse depuis seulement un an, voyant sa colère sur le point de le déborder, a trouvé, faute de mieux, le meilleur ou le moins pire dispositif au vu de ses moyens et de la situation dans laquelle il se trouvait. Il n’a pas agi sa colère et s’est organisé pour ne pas tomber dans une jouissance sadique. C’est à partir de ce renoncement et du courage de cet homme d’en avoir parlé en cure que j’étaye et propose cette distinction entre compromis et solution.