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La clinique du partenariat sur Paris 75 : la tendance des médecins à peu de soin

La tendance des médecins à peu de soin

Fernando de Amorim
Paris, le 0. 0. 2009

Il est vrai que la psychanalyse n’est pas pour tout le monde. Mais cela ne veut pas dire qu’elle ne soit que pour les argentés, que pour les intellectuels, que pour les jeunes…

La psychanalyse est bonne aussi pour celles et ceux qui soignent. Or, c’est un fait : la tendance des médecins va à peu de soin d’eux-mêmes !

Ce que nous avions déjà remarqué dans le quotidien, est prouvé par une enquête auprès de plus de 550 médecins libéraux réalisée par les conseils départementaux de l’ordre des médecins de l’Eure et de Seine-Maritime et avec l’aide de l’Union régionale des médecins libéraux de Haute-Normandie. Cette enquête conclue que les médecins sont des femmes et des hommes comme leurs patients, c’est-à-dire, qu’ils fument, boivent et dénient leur excès presque autant que celles et ceux qu’ils soignent (Le Figaro, du 4 février 2009).

Une autre étude, commandée par l’Association médicale canadienne, conclue que le taux de suicides chez les médecins est deux fois plus élevé que dans la population en général.

C’est un autre fait aussi que quelques-uns deviennent soignants pour ne pas prendre soin d’eux-mêmes.

Nous trouvons cette logique chez les médecins mais aussi chez les psychanalystes qui font une psychanalyse le temps de devenir psychanalystes et qui, par la suite, fuient le divan comme le diable la croix. Pour cette raison, nous entonnons, au sein du RPH, le péan de la psychanalyse sans fin du psychanalyste, histoire de protéger les patients et la psychanalyse des psychanalystes.

Il semble bien qu’il serait bon également pour les patients et pour la médecine, que les médecins se décident à devenir humains, c’est-à-dire, qu’ils reconnaissent l’importance de prendre d’abord soin d’eux-mêmes et des leurs, avant de se dédier – plus de 60 heures par semaine – à l’autre. Or, cela ne s’apprend pas à l’université, lieu où le gonflement du discours du maître est de rigueur, même peut-être rigide ! 

Il semble que le divan est un excellent lieu pour apprendre sur son humanité.

Il est incontestable que les médecins n’ont pas été formés à gérer les plaintes et les demandes toujours plus exigeantes des souffrants d’aujourd’hui (atteints de psychoses, de névroses, de perversions masquées par des symptômes corporels ou associés à des maladies organiques). Ils ont été formés à soigner des symptômes, des maladies et non des malades. Avec la psychanalyse, nous avons appris que soigner la maladie ne soigne pas toujours le malade.

J’en veux pour preuve les récurrences symptomatiques et les rechutes des maladies qui devraient guérir avec le traitement prescrit. Ces récurrences et rechutes sont énigmatiques si nous nous contentons des données issues de la logique anatomo-physiologique, des résultats statistiques, des recherches menées sous l’autorité financière d’un quelconque laboratoire pharmaceutique, ou de toute autre méthode qui excluent le désir inconscient.

Il n’est pas nouveau que, parfois, un patient ou un malade, selon la cartographie, tombe ou bien reste, malade par culpabilité, par tristesse, même par agressivité envers l’autre.

De là ma proposition que les médecins puissent se former à ce que j’avais appelé la clinique du partenariat. Dans cette clinique, le médecin pense sa stratégie thérapeutique en prenant en considération l’inconscient structuré comme un langage. Et pour cela il installe une cônification du transfert, c’est-à-dire, il adresse des patients aux psychanalystes de leur confiance.

Le médecin d’aujourd’hui devrait faire usage de la méthode appelée clinique du partenariat et de la technique nommée cônification du transfert pour deux raisons : dans un premier temps, pour partager la lourdeur du transfert, dans un second temps, pour se réapproprier le sens du mot clinique, mot qui fait depuis des siècles l’honneur et la fierté de l’exercice médical.


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* Directeur du SÉTU ? (Service d’écoute téléphonique d’urgence) et de la CPP (Consultation publique de psychanalyse), du RPH – École de psychanalyse (Réseau pour la psychanalyse à l’hôpital) – Paris IXe.