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La CPP dans la formation du psychanalyste, Paris – Trouver un bon psychologue à Nanterre

Trouver un bon psychologue à Nanterre

La CPP est la base même de la formation d’un psychanalyste d’aujourd’hui

Fernando de Amorim
Paris, le 10. XII. 2008

Il faut entendre CPP, ici, comme lieu de consultations pour les personnes qui sont sans ressource financière, mais dont l’appel, la plainte, la demande, voire le désir, est pourtant au rendez-vous, selon la logique de la cartographie du RPH. 

Je ne fais pas partie du CPCT attaché à l’Ecole de la cause freudienne. Je n’étais pas et ne suis toujours pas d’accord avec les modalités qui ont prévalues à l’existence de cette structure, tout au moins dans sa forme de gratuité, d’un nombre prédéterminé de séances qui sont autant de preuves de l’extinction de l’esprit psychanalytique. En procédant de la sorte, le CPCT répond à la logique sociale, celle-là même que les tenants du CPCT critiquent en dénonçant, avec raison, le représentant de cette logique de dressage : les TCC. J’attends davantage de l’école de Lacan en général et de Jacques-Alain Miller en particulier, à qui je me suis personnellement adressé pour, dans un premier temps, signaler l’absence d’une consultation publique pour les désargentés au sein de l’école de Lacan, et, dans un second temps, pour critiquer la création de l’hydre nommée CPCT. La gratuité et le traitement religieux de la misère nous devons les laisser à l’Etat et à ces personnes qui, à l’instar de sœur Emmanuelle, dédient leur vie à servir les plus humbles. Nous, nous sommes des cliniciens. Nous lisons la misère autrement. 

La question du CPCT alimente depuis peu des discussions chez quelques collègues de l’ECF. 

Depuis 1991 j’assure la responsabilité de la consultation publique de psychanalyse (CPP). Consultation « publique » en guise de clin d’œil à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. La consultation est publique parce qu’elle reçoit celles et ceux, des nourrissons aux seniors, qui désirent rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste. 

Nous sommes les héritiers d’une préoccupation freudienne, à savoir, comment les psychanalystes peuvent porter leur savoir y faire à des personnes qui, en plus de la détresse psychique, ont les poches vides. 

“Le CPCT forme des marins d’eau douce”, ainsi me suis-je exprimé dans un mail à Jacques-Alain Miller et je ne change rien à cette expression. Je reconnais que le CPCT est une excellente idée. Mais revenons aux faits : 
Avant la création du CPCT je bassinais Miller au moins deux fois par semaine à propos de l’impossibilité pour l’école de Lacan de ne pas avoir un pied dans le social. Peut-être fatigué par ma rengaine, il m’envoya vers Eric Laurent, à l’époque président de l’ECF. Une missive officielle lui était alors adressée par mes soins. Pas de réponse. Quelques mois après, Miller m’envoya vers Philippe La Sagna. Un mot de courtoisie m’a été renvoyé par ce dernier, mais très loin des décisions concrètes que j’attendais. 

J’attends des psychanalystes qu’ils s’engagent solidement, d’une manière décidée sur le terrain social en apportant les solutions cliniques. Mon désir est d’honorer la position qui est la mienne en tant que psychanalyste engagé dans la Cité. 

Je me dois de faire cela, de parler, haranguer, discuter, pousser, bousculer, au nom de ma position de psychanalyste car, quand je ne suis pas psychanalyste, je préfère être à Biarritz à attendre les vagues qui veulent bien s’offrir et à moi entre autre ! Ainsi, après de multiples insistances de ma part, et seuls Dieu avec Jacques-Alain Miller savent combien je peux l’être, insistant, naît le CPCT. 


Mais le CPCT d’aujourd’hui me fait immédiatement penser au centre de consultations et de traitements psychanalytiques de la SPP, créé voilà 50 ans. L’ECF a créé en 2003, le Centre psychanalytique de consultations et traitements. Ainsi, nous avons eu, dans un premier temps, le CCTP-SPP et quelques années plus tard le CPCT-ECF! 

Pour quelle raison l’école de Lacan, celle d’une pensée qui va dans une voie autre que la perspective de l’IPA, met en place un lieu de consultations où nous pouvons trouver les mêmes signifiants, autrement disposés ? Ce n’est pas du copié-collé, c’est du presque copié et du presque collé! Le choix du sigle est un bout du symptôme. 


Cela dit, voici mes remarques et proposition de rectification à partir de mon expérience dans notre consultation publique de psychanalyse qui, peut-être, pourront être utilisées par le CPCT. 

Le CPCT doit continuer à exister et à se développer, mais soutenu par l’expérience freudo-lacanienne et des touches justifiées par notre expérience d’aujourd’hui, à savoir : 

a) Une consultation publique est un lieu où les jeunes peuvent commencer à pratiquer la psychothérapie, selon la cartographie du RPH, cartographie que je me propose de discuter avec quiconque sera intéressé. Nous pouvons, quand nous recevons quelqu’un, être mis dans la position de psychothérapeute ou de supposé-psychanalyste, c’est-à-dire, celle ou celui qui écoute un être dans la position de psychanalysant. L’expression « psychanalyste en formation » utilisée par Jacques-Alain Miller ne dit strictement rien du point de vue de la clinique et de l’éthique de la psychanalyse. C’est une expression gonfle-imaginaire. Qui peut garantir que quelqu’un est psychanalyste c’est le psychanalysant lorsque ce dernier devient sujet (quatrième colonne de la cartographie). Mais si celui qui souffre m’installe dans la position d’objet a, comment ne pas accepter cette position ? Acceptons-là où que nous soyons, dans le confort de notre consultoire, dans les locaux des consultations publiques ou à 2000 mètres d’altitude, comme ce fut le cas pour Katarina et Freud. Laissons-nous être appelé psychanalyste par notre psychanalysant tout en sachant que, pour de vrai, nous ne sommes que dans la position de « supposé-psychanalyste ». Bien entendu cette expression, créée par moi à partir des textes de Lacan, vise à dégonfler cette idée que « psychanalyste » est une place. « Psychanalyste » est une position d’une extrême fragilité. Nous devons batailler pour qu’elle existe tous les jours. D’où l’importance de permettre aux jeunes praticiens de faire leurs armes dans les consultations publiques. 

b) Freud avait proposé les consultations gratuites, c’est vrai. J’avais tranché en indiquant que les consultations pourront être gratuites. Il n’y a rien de pire pour la psychanalyse que des êtres suivant le doux son de la flûte qui leur laisse à penser qu’ils sont déjà des psychanalystes. Nous savons que cela pousse vers le précipice. Ainsi, au sein de notre consultation publique de psychanalyse (CPP), la consultation peut être gratuite. Cela veut dire que : « tu payes ton prix ! ». Et « si tu ne peux payer que rien du tout, on te donnera rendez-vous quand même mais, en échange, il faut nous apprendre sur cette forme de jouissance massive qui t’exclue de la vie sociale ! ». Pour cela, il faut être disponible pour rencontrer ce patient régulièrement, tous les jours même, si cela est justifié cliniquement. Il faut lui rajouter des séances selon cette technique que j’avais appelée « technique de l’écarteur », technique empruntée chez Lacan et qui consiste à ajouter des séances jusqu’à ce que l’inconscient puisse s’exprimer en paroles et non en actes. Un jeune peut faire ce travail. Un aîné ne le peut pas, ne le peut plus. D’où mon étonnement de voir des aînés, connus par leur travaux, se rendre au CPCT pour recevoir des patients. Bien entendu ils peuvent faire cela une fois par mois et limiter l’expérience dans le temps chronologique (ce qui annule toute relation avec l’inconscient et donc avec les règles fondamentales de la psychanalyse). D’autres peuvent pousser le bouchon plus loin et, bien entendu, ça craque, comme la collègue qui dit qu’elle abandonne le bateau du CPCT ! L’expérience des aînés est importante dans la supervision des cas des jeunes cliniciens. C’est aux jeunes praticiens, soutenus par leur psychanalyse et par les supervisions hebdomadaires, avec les aînés par exemple, de se frotter à la clinique et de révéler chez eux un désir effectif de faire de la clinique leur métier.