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La santé mentale des français; Débat avec les candidats à la présidentielle 2012

Débat Santé mentale des français

En lien avec les élections présidentielles, le RPH – Ecole de psychanalyse organise un débat en présence des politiques pour débattre sur la question importante de la santé mentale des parisiens.

PRESIDENTIELLE 2012

Corinne Lepage, François Hollande, Dominique de Villepin, François Bayrou, Marine Le Pen (représentée par Joëlle Melin), Hervé Morin et Jean-Luc Mélenchon, ont répondu favorablement à l’invitation de venir débattre avec les professionnels, les étudiants et les intéressés de : 


La santé mentale en France

D’ores et déjà, deux questions se dégagent des débats préliminaires : 
Ce qui ne va pas dans le champ de la santé mentale en France aujourd’hui (nos critiques) ?
Comment peut-on améliorer cela (nos propositions) ?

Le débat aura lieu le Jeudi 5 Avril 2012 

à l’Espace Saint Sulpice, 

26 rue Cassette, Paris VIe,

de 21h à 23h30.

Inscription au débat 10 euros (Location de la salle).

Amicalement,
Fernando de Amorim 

RPH (Réseau pour la psychanalyse à l’hôpital – École de psychanalyse)

Première réponse des candidats

Fernando de Amorim

Paris, le 20. I. 2012

Madame, Monsieur,

Les candidats ou les membres de leur équipe ont commencé à répondre aux premières questions posées. Voici la première réponse.

Cordialement,

Questionnaire RPH

Question 1 : Êtes-vous d’accord d’appuyer l’élargissement de ces consultations publiques de psychanalyse : 

La psychanalyse à évidement toute sa place dans la prise en charge des troubles de la santé mentale. Les expériences que vous avez menées au travers du réseau d’écoute « SETU » montrent bien tout l’intérêt d’une telle prise en charge, même dans l’urgence. La prise en charge médicamenteuse dans les troubles psychologiques ou psychiatriques a ses limites, puisqu’elle traite les symptômes plus que la maladie elle-même. Je ne peux donc voir que des avantages au développement de consultations publiques de psychanalyse au travers du réseau hospitalier public, tout en gardant à l’esprit le manque criant de psychiatres dans notre pays. 



Question 2 : Nous souhaiterions connaître votre positionnement concernant la logique de soins sous contrainte, développée ces dernières années. Les soins sous contraintes en psychiatrie posent un problème éthique complexe : 


La société a-t-elle le droit de contraindre un individu considéré comme dangereux pour lui même et/ou les autres ? La réponse ne peut être positive que si la contrainte aux soins est sous le contrôle du juge de la liberté et de la détention. On ne peut cautionner les approches sécuritaires de la psychiatrie aux risques de dérives difficilement contrôlables. La notion de soins sous contrainte en ambulatoires créée par la loi du 5 juillet 2011 ouvre de nouvelles perspectives. Il est indispensable que ce texte, entré en vigueur le 1 août dernier, fasse l’objet d’un suivi et d’une évaluation partagés par l’ensemble des acteurs : associations de patients, corps médical, justice. J’ajoute qu’un point particulier doit faire l’objet de plus d’attention : celui des soins psychiatriques dans l’univers carcéral qui reste un tabou. Le manque de psychiatres publics conduit à des prises en charge médicamenteuses inappropriées. Si la rencontre des détenus avec les psychiatres est courante par le biais de la pratique expertale dans le cadre de l’instruction, le suivi n’est manifestement pas à la hauteur de ce qu’il devrait être. 

Question 3 : Quelle relation pensez-vous maintenir avec l’industrie pharmaceutique ? 

A l’évidence notre pays entretien un vrai problème avec certaines classes thérapeutiques de médicament à visée anxiolytique ou antidépressifs… Il me semble s’agir là sans doute d’un problème relevant plus de la prescription que de la demande du « consommateur ». Longtemps, dans notre pays la psychiatrie a été peu considérée dans le monde hospitalo-universitaire. La psychanalyse a eu du mal à s’y faire une place : le cartésianisme ambiant et un rationalisme parfois excessif en sont sans doute la cause ! Comme je le soulignai plus haut, le médicament n’est pas une solution vraie et durable dans la maladie mentale. Il reste qu’il peut permettre une prise en charge de l’urgence psychiatrique et qu’il peut accompagner une prise en charge thérapeutique de type psychiatrique, psychologique ou psychanalytique seule à même de traiter au fond les troubles ou la maladie.

Projet-Pilote

 

Fernando de Amorim 

Paris, le 7. II. 2012

L’objet du débat du 5 avril est de présenter aux candidats les nombreuses difficultés rencontrées par les professionnels de la santé mentale dans l’exercice de leurs activités, qu’elles soient hospitalières ou en consultations publiques. 


Dans un deuxième temps, la visée est de lier le candidat élu à ce qui aura été discuté et proposé au cours du débat. 


La proposition du RPH est que le nouveau gouvernement puisse créer un local expérimental où les patients pourront être reçus par des étudiants en psychologie formés à la psychanalyse, ce qui implique qu’ils soient en psychanalyse et en supervision avec un psychanalyste. Cette expérience existe depuis 1991 à Paris sous la seule responsabilité du RPH. 


Actuellement, l’équipe des cliniciens du RPH, assure 7 488 consultations par an sans que celles-ci coûtent un centime aux contribuables puisque nous n’avons jamais demandé de subventions. 


Nos jeunes sortent des facultés de psychologie et de psychiatrie, formés par des professeurs compétents. Nul doute là-dessus. Nous avons en France une concentration des cliniciens hors-pairs. Mettons cela ensemble et à l’œuvre pour la jeunesse. 


Il nous faut créer des emplois pour les jeunes d’un côté et il faut préparer les jeunes à entrer dans le monde du travail, gagner leur vie et conquérir leur position de citoyens. 


Les premiers de ces jeunes sont les étudiants en psychologie et en psychiatrie qui sortent de leurs facultés sans préparation clinique véritable et sans moyen de se constituer une clientèle, source de gains et de bien-être social. 


Les autres jeunes visés, sont ceux qui, handicapés, voire noyés par la souffrance mentale, ne parviennent  pas à se mettre en selle pour aller vers le monde du travail et de la vie sociale. La CPP du RPH forme des cliniciens qui, encore à la faculté, commencent, en recevant des patients, à se préparer pour assurer cliniquement et gagner leur vie avec un métier qui est loin d’être répétitif, ennuyeux ou fade. 


J’attends du prochain Président de la République qu’il invite les psychistes à la table des discussions pour que nous puissions mettre en place un système d’accueil nouveau, du type de celui proposé par le RPH, où la souffrance mentale, parfois exprimée dans le corps voire dans l’organisme, puisse trouver interlocuteur dans un accueil clinique assuré par des jeunes étudiants. 


Cela ne pourra se faire sans l’appui du décideur politique, de la communauté psychanalytique, des enseignements des facultés.


Il ne s’agit pas d’une proposition. J’offre le résultat d’une expérience commencée à l’hôpital Avicenne en 1991, avec Loïc Guillevin, Philippe Casassus, Philippe Mazet, Olivier Lortholary, Pascal Cohen, Marie Rose Moro. Qu’ils soient ici remerciés chaleureusement.


Il est faux de penser que le psychanalyste est ce riche qui assure des consultations dans son cabinet. La charge horaire quotidienne d’un psychanalyste est énorme. Et il l’assure! 


S’il n’assure pas ce n’est pas un psychanalyste.

Santé mentale en France : Réponse d’une candidate à la présidence de la République

Le 7. II. 2012

J’ai bien reçu votre courrier auquel je réponds avec un peu de retard et je vous prie de m’en excuser. Je tiens tout d’abord à vous remercier de solliciter mon avis sur ce problème. Mais, cela ne vous étonnera pas, être porte-parole de Lutte Ouvrière et candidate à l’élection présidentielle ne fait pas de moi une spécialiste des questions médicales et encore moins dans le domaine de la psychanalyse. 


De plus, bien que candidate à l’élection présidentielle, je ne serais pas élue mais je suis et resterai une citoyenne comme les autres une fois l’élection passée. Je ne peux et ne pourrais donc pas intervenir dans ce domaine autrement que de façon propagandiste. Je laisse le soin aux spécialistes dont vous êtes et aux patients pour juger avec compétence de ces questions. De plus nous sommes à Lutte Ouvrière une organisation bien trop petite et nos militants qui travaillent dans le domaine de la psychiatrie sont bien trop peu pour engager une réflexion sérieuse sur cette question. 


Vous trouvez cependant ci-dessous quelques éléments de réponse à vos trois questions qui je l’espère vous éclaireront sur ma façon de poser les problèmes dans le domaine de la santé. (à mettre en gras également ?)


Question n°1 : Etes-vous d’accord d’appuyer l’élargissement de ces consultations publiques de psychanalyse ? 

Je suis heureuse que le dogme de l’argent dans la pratique de la psychanalyse soit réinterrogé par votre expérience. Car aujourd’hui la majorité des travailleurs ne peut absolument pas se payer une psychanalyse, surtout à plusieurs séances par semaine. Dans ce domaine comme dans bien d’autres aussi l’accès aux soins est parfaitement inégalitaire et je le regrette.


Question n°2 : Nous souhaiterions connaître votre positionnement concernant la logique de soins sous contrainte, développée ces dernières années. 

Sarkozy et son gouvernement ont porté en exergue deux dramatiques faits divers dans lesquels un schizophrène est devenu assassin, à Pau et à Grenoble. La manière dont ces drames ont été rapportés, transformant les malades mentaux en personnes potentiellement dangereuses qu’il faudrait traiter contre leur volonté, même en ambulatoire, sert bien évidemment la politique sécuritaire du gouvernement.

 
Mais c’est d’oublier que c’est dans le cadre du démantèlement de la psychiatrie que surgissent ces faits divers terribles. Entre 1999 et 2000 il y a eu la suppression de 56 000 lits (sources IRDES- Eco-Santé-France novembre 2009), soit une diminution de 43% en onze ans. Les schizophrènes aujourd’hui subissent un « externement arbitraire » tant manquent les places hospitalières.


Dans ce contexte la loi du 22/02/2011 instaurant les « soins ambulatoires sans consentement » est la réponse sécuritaire d’un gouvernement sécuritaire à une destruction programmée de la psychiatrie publique et ne pourra jamais remplacer ces soignants formés à l’accueil de la maladie mentale dans la cité et en nombre suffisant. Et il est évident que je ne peux être d’accord avec cette évolution de la psychiatrie et ces nouvelles législations répressives. 


Question n°3 : Quelle relation pensez-vous maintenir avec l’industrie pharmaceutique ? 
Je tiens d’abord à préciser que je n’entretiens aucune relation avec l’industrie pharmaceutique et que je considère celle-ci comme une partie, non négligeable d’ailleurs, de l’industrie capitaliste que je combats résolument. 


D’ailleurs les derniers scandales du Médiator et des prothèses mammaires PIP montrent que dans ce domaine, comme dans les autres, les relations qu’il faudrait entretenir avec ces industriels sont des relations de méfiance et que le contrôle de la population devrait être total sur les laboratoires pharmaceutiques comme sur le reste des autres secteurs de l’économie, banques et autres industriels. Je me bats pour la levée du secret commercial et bancaire. Je me bats pour le droit des salariés de dénoncer toutes les malversations qui viendraient à leur connaissance, sans qu’ils perdent leur emploi, alors qu’aujourd’hui un salarié qui aurait dénoncé une escroquerie comme celle de PIP aurait été passible de licenciement pour faute grave. 


Voilà donc rapidement quelques éléments de réponse, bien incomplètes j’en conviens mais qui, je l’espère, vous aideront dans votre projet de prise en charge de la maladie mentale. 


Bien cordialement,

Santé mentale en France : Réponse d’un candidat à la présidence de la République

Le 23.II.2012

Monsieur le Président,  



J’ai bien reçu votre courrier et vous en remercie. Je suis très sensible à votre démarche. C’est bien volontiers que j’entends répondre à vos questions sur un sujet dont je mesure l’importance. 


Question n°1 : Etes-vous d’accord d’appuyer l’élargissement de ces consultations publiques de psychanalyse ? 

Il me semble important d’aborder la santé mentale dans son ensemble. La psychanalyse dans notre pays est en crise : manque d’effectifs, manque de moyens, réformes incessantes qui font peser les difficultés sur les professionnels… Le récent rapport de la Cour des comptes pointe le manque de solutions permettant d’agir en amont et aval de l’hôpital dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale. Les solutions, y compris des solutions innovantes, devront pouvoir être évaluées et développées dans le cadre d’une grande loi sur la santé mentale. Je suis également sensible au fait que ces solutions soient accessibles à plus grand nombre et le développement que vous proposez, de consultations de psychanalyse publique accessibles aux personnes en difficulté, est une piste à explorer 


Question n°2 : Nous souhaiterions connaître votre positionnement concernant la logique de soins sous contrainte, développée ces dernières années. 

En premier lieu, il faut bien rappeler que parmi les 300 000 personnes hospitalisées en psychiatrie chaque année, 80% le sont volontairement. La question des soins sous contrainte n’est donc qu’un pan de la santé mentale. Ces dernières années, le gouvernement a mis en place diverses réformes de la psychiatrie, chaque fois dans les suites d’un fait divers tragique.


La dernière réforme a étendu les cas d’hospitalisation sans consentement. On voit bien au travers de toutes ces réformes que le gouvernement tend à faire un amalgame entre la maladie mentale et le fait d’être dangereux pour soi et pour les autres. De plus, ces réformes successives, mises en place très rapidement à l’image de la dernière, n’ont pas donné les moyens aux professionnels de s’adapter. 


Il est fondamental de mettre en place les soins les plus adaptés et de limiter le risque lié à des actes de violence, même si le risque zéro n’existe pas. Mais il faut aller au-delà de la question de dangerosité de malades et de discuter d’une loi de santé mentale qui traiterait certes la question des soins sans consentement, mais surtout, plus globalement, la question de la santé mentale dans son ensemble. 


Question n°3 : Quelle relation pensez-vous maintenir avec l’industrie pharmaceutique (notamment la branche produisant des médicaments ayant sur les troubles et pathologies mentales) ? 

La France est le plus gros consommateur de psychotropes au monde. Si ces médicaments ont des effets thérapeutiques certains, ils ont d’importants effets secondaires Et ils ne constituent pas les seules solutions disponibles. 


La place de l’industrie pharmaceutique doit être clairement définie dans l’ensemble des champs de la santé. Les réformes doivent aller plus loin que ce que propose la loi sur le médicament votée fin 2011. Par exemple, il n’est pas normal que la formation des médecins sur les médicaments soit quasi-exclusivement dispensée par les laboratoires qui les vendent. 


Les pistes d’un service public de la formation médicale ou d’un encadrement plus strict de la visite médicale doivent être étudiées. La recherche académique devra également être développée afin que les médicaments, une fois sur le marché, soient mieux évalués et de façon indépendante. L’affaire du Médiator doit nous servir de leçon. 


J’espère avoir répondu à vos interrogations. Il est normal qu’un candidat à la présidence de la République puisse apporter les précisions indispensables à ce sujet. 


Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de toute ma considération.

Hervé Morin

Fernando de Amorim

Paris, le 27. II. 2012

Chères Amies, Chers amis,

Le débat sur la santé mentale en France prend une tournure enthousiasmante ! 


Les conseillers des candidats m’ont posé deux questions très claires :

* Ce qui ne va pas dans le champ de la santé mentale en France aujourd’hui (nos critiques) ? 

* Comment peut-on améliorer cela (nos propositions) ? 


Cette tâche, et je vous propose que nous la menions ensemble, a été largement entamée depuis 2011 avec la contestation notamment au sein de la psychiatrie française de la réforme de la loi de l’hospitalisation sous contrainte du 5 juillet 2011 ainsi que par la tenue de nombreux débats pour « sortir du DSM ». 


Cette logique que nous offre ce temps précédant l’élection présidentielle – et notamment en période de crises – est une magnifique opportunité que nous ne pouvons manquer de saisir. Aussi, je vous saurai gré de m’adresser vos idées, le plus rapidement possible, afin que nous puissions rassembler nos critiques et propositions à soumettre aux candidats. 


Le débat aura lieu le Jeudi 5 Avril 2012 à l’espace Saint Sulpice de 21h à 23h30. Il compte dès maintenant sur la présence de Corinne Lepage, Jean-Luc Mélenchon, François Hollande, Dominique de Villepin et François Bayrou. 


Dernière nouvelle : mardi 17 janvier 2012, Marine Le Pen a confirmé que son parti serait représenté par Madame le docteur Joëlle Melin 


Cordialement,

Santé mentale : Soutien d’un candidat à la présidence de la République

Le 1. III. 2012

Cher Docteur, 


Mon collaborateur Serge RADER qui vous a rencontré m’a exposé le modèle de consultation en psychanalyse que vous avez mis en place dans le 9è Arrondissement de Paris et que vous souhaiteriez voir se développer. 


Il me paraît intéressant à explorer dans la mesure où il répond effectivement à une grosse demande de personnes en détresse, de surcroît avec des difficultés financières associées. Par ailleurs, le recours systématique et trop facile aux antidépresseurs et autres médicaments du système nerveux pose un énorme problème de santé publique puisque nous sommes en tête de leur consommation en Europe. 


Il convient d’inverser cette tendance et trouver des solutions à ce mal-être qui s’amplifie. Toute initiative allant en ce sens mérite donc d’être entendue, voire encouragée. 


Vous assurant de mon soutien et vous remerciant de votre intérêt, je vous prie de croire, Cher Docteur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Nicolas DUPONT-AIGNAN 

Candidat à la présidence de la République 

Député de l’Essonne – Maire d’Yerres