Etre médecin peut nuire à votre santé
Fernando de Amorim
Paris, le .. IX. 2007
C’est de cette façon, qui se veut amusante, que « Le Quotidien du médecin » du jeudi 8 novembre 2007 aborde une question taboue en France, à savoir, la santé de ces professionnels de santé (infirmiers, médecins, kinésithérapeutes, etc).
Depuis 1990, avec une poignée de camarades, nous signalons ce fait que les médecins ne devraient pas se sentir narcissiquement blessés à demander de l’aide à un psychanalyste. Les canadiens ont mis en place un dispositif qui incite les médecins (je pense qu’en France nous pourrions élargir cette démarche aux professionnels de santé en général). Il s’agit du PAMQ (Programme d’aide aux médecins du Québec). Pour quelle raison, en France, les médecins ont tant de mal à demander de l’aide ? Serait-ce qu’ils se trouvent dotés d’une toute-puissance telle qu’ils seraient une espèce de…dieux ? Je ne le pense pas. Mais, en revanche, il est, je pense, important de s’occuper sérieusement de cette affaire.
Cette omerta médicale doit être brisée par les médecins eux-mêmes. Pour l’instant, nous ne pouvons accéder qu’aux ravages qu’elle produit, à savoir, l’épuisement, maladies cardio-vasculaires, suicides, troubles d’adaptation et affectifs, usage de drogues, problèmes conjugaux. Cela selon les québécois. Chez nous c’est comment ? Un médecin malade coûte cher pour lui et ses patients.
Comment trouver un psychiste ou un psychanalyste ? En France, Danièle Toupillier, directrice du centre national de gestion, structure indépendante du ministère de la santé, vise à « détecter les médecins en souffrance et leur apporter de l’aide ». Mais, continue-t-elle, « pour qu’un médecin accepte de se faire soigner, il est impératif qu’il puisse recevoir des soins sans que cela soit su par la communauté médicale. S’il [un médecin] a besoin d’un psychiatre, par exemple, celui-ci doit être indépendant, et ne doit pas être délégué par le directeur de l’hôpital ».
Le chirurgien Abdelhafid Talha confirme : « On manque de confiance par rapport au secret médical ». Avec une lenteur étonnante à réagir sur l’affaire de la dépression en France, que la politique gouvernementale a choisi de traiter par de la propagande et non par le biais de la clinique soutenue par le transfert, le « Quotidien » illustre dans un encadré le cas de trois médecins québécois déprimés.
Pour résumé, cependant, il est très difficile de lever un grand tabou [sous-titre de l’article princeps] si un instrument de communication tel que « Le Quotidien » – dédié principalement et précisément aux médecins – ne se décide pas à mettre toute la gomme. En organisant un colloque qui réunirait des intervenants des diverses parties concernées, tels médecins et psychanalystes, par exemple.
A bon entendeur, salut !