Paris, le 27 juin 2022

Chloé Blachère

Si le discours social commun met en avant la retraite comme une occasion de jouir enfin d’une liberté très progressivement gagnée au prix de plusieurs dizaines d’années de travail, lorsque cette échéance se rapproche, elle peut être à l’origine d’angoisses, à la plus grande surprise du futur retraité.

Pourtant un tel changement de vie n’est pas anodin. Il peut produire une profonde désorganisation du quotidien là où le travail, même dans ses formes les plus pénibles, pouvait être un élément important et parfois insoupçonné de liens sociaux, de construction d’une certaine position sociale, d’un rythme structurant, etc.

L’approche de la retraite peut soudainement être appréhendée comme annonciatrice de désœuvrement, et laisser le champ libre à l’éclosion de toutes formes d’angoisses (angoisse de mort, de tomber malade, de se voir devenir dépendant, d’être inutile, etc.).

Les futurs retraités qui ressentent de telles angoisses découvrent par ailleurs que celles-ci ne sont pas toujours bien reçues par leur entourage qui, plutôt que de les écouter et de les soutenir, mettent fin à toute tentative d’expression. Les formes peuvent en être variables, du « mais tu verras, ce seras super », au « ça fait des années que tu te plains de ton travail, tu ne vas pas te plaindre maintenant d’en être enfin bientôt libéré ».

Cette difficulté à exprimer ses inquiétudes concernant un tel changement de vie peut être douloureuse à vivre. Elle peut parfois venir exacerber un sentiment d’isolement, même pour des personnes qui sont bien entourées. Dans un tel cas, consulter un psychothérapeute ou un psychanalyste peut représenter une aide précieuse. Un espace d’élaboration psychique au sein duquel parler librement ses pensées constitue le principe-même du dispositif. Ce principe, s’il est respecté, se révèlera transformateur pour la suite.