Sara Dangréaux,
Paris,
Le 26 octobre 2022.
Dans son article, publié en ligne le 24/10/22 dans le Figaro, la journaliste Aurore Aimelet opère un glissement de la psychanalyse vers la psychologie. Sous la rubrique « PSYCHOLOGIE », elle part du fait que le complexe d’Œdipe est « un concept clef de la psychanalyse » pour aller vers le fait qu’il « est loin de faire l’unanimité parmi les professionnels de la santé mentale ». L’ensemble des professionnels de la santé mentale ne sont pas psychanalystes alors, en effet leurs références ne peuvent être les mêmes. En quoi cela viendrait remettre en question la pertinence de la psychanalyse ou de ses concepts ? Ce n’est pas parce que le complexe d’Œdipe ne fait pas l’unanimité, ou qu’il gène certains, que cela remet en question sa pertinence.
Dans cet article, il est fait mention de Jacques Van Rillaer, professeur de psychologie, qui remet en question le complexe d’Œdipe du fait de la méthode scientifique employée par Sigmund Freud. Ce dernier n’a pas utilisé de « groupe contrôle ». Fernando de Amorim explicite, dans le champ de la psychanalyse, la pertinence de la méthode verticale[1] ; c’est-à-dire l’examen, pour un même être, du début de sa psychanalyse à sa sortie de psychanalyse. Le professeur de psychologie fait état, avec le groupe contrôle, de la méthode horizontale, qui ne nous apprend rien sur la clinique du sujet, propre à la clinique psychanalytique. Il ne peut pas y avoir de groupe contrôle avec la clinique du sujet, sinon cela devient une psychologie à visée généraliste en effet.
À la lecture de l’article, Monsieur Van Rillaer, base ses conclusions sur le fait que tous les enfants ne préfèrent pas forcément le parent de sexe opposé. En quoi cela viendrait invalider le complexe d’Œdipe ? C’est en effet l’écueil que peut produire l’emploi de mythe ou même de mot, celui d’être pris au pied de la lettre et d’être enfermé dans une tentative de compréhension moïque. Le mythe est un récit imaginaire qui sert depuis toujours aux hommes à véhiculer une allégorie, les valeurs morales ou sociales et servent de tentative d’explication devant les choses de la vie humaine. Le complexe d’Œdipe, si Freud en a posé les bases théoriques, se déplie d’autant de manière que d’être au monde. Pour qui se frotte à la clinique, il y rencontre les coordonnées de ce complexe d’Œdipe et de ce lien aux parents, teinté d’ambivalence et qui se fait jour dans les associations libres.
Comme l’article en témoigne à la fin, il est intéressant de lire le soin pour mettre de côté l’Œdipe, même lorsque précisément l’ensemble des mots employés ne font que tourner autour. J’y entends ici le génie de Freud d’avoir mis en évidence le mécanisme de refoulement ou de déni. Ainsi, son génie est d’avoir dégagé les mécanismes de la vie psychique à partir de son écoute au cas par cas.
Enfin, la psychanalyse est représentée, dans cet article, par un « psychiatre et psychanalyste », Éric Smadja. Mais il semble que c’est le psychiatre qui parle à lire l’article, pour exemple : « le bébé forme une unité avec sa mère, d’un point de vue psychique et symbolique bien sûr, explique le psychiatre ». Que le bébé forme une unité avec sa mère est du champ d’un Imaginaire et le prochain colloque du RPH permettra peut-être de travailler ces questions grâce à la thématique sur le « Devenir mère », qui dégonflera certainement un doux fantasme, sur ce devenir mère, en le situant dès le titre de la journée « entre Éros et Thanatos ».
[1] Fernando de Amorim. La psychanalyse est-elle une science, 2011. https://www.rphweb.fr/details-la+psychanalyse+est-elle+une+science-40.html