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Le handicap psychique et ses implications familiales. Rencontrer un psychothérapeute à Paris.

Le “handicap” psychique et ses implications familiales. Rencontrer un psychothérapeute à Paris.

Élodie Chopard,

le 2 décembre 2019

Une patiente appelle pour venir en consultation parce qu’elle souffre d’avoir élevé seule son fils et s’inquiète pour son avenir. Aujourd’hui adulte, il vit toujours à son domicile en bénéficiant de l’allocation adulte handicapé psychique. L’ambivalence des sentiments de cette mère à l’égard de son fils est masquée par sa conscience de culpabilité « d’avoir fait un enfant pour ne pas rester seule ».

Dans ce sens, elle accepte que sa « fragilité psychique » le pousse à des comportements violents contre lui-même et se trouve démunie à faire autorité dans son foyer. Pour autant, grâce au désir de cet homme de construire sa vie à l’extérieur, la séparation tant redoutée se profile pour ce « couple mère-fils » car il a aujourd’hui l’opportunité de vivre en habitat partagé dans le cadre de son suivi en institution.

Mais c’est un désir ténu, car dès que l’angoisse fait surface chez le fils, la patiente elle, rationalise combien « il pourrait être perdu hors de ses repères habituels ».

Engagée dans sa psychothérapie, la patiente sait l’importance de laisser son fils voler de ses propres ailes, mais « le sentiment de vide » qui l’emplit à l’idée qu’il quitte la maison un jour vient faire symptôme.

Dans ce sens, l’allocation adulte handicapé (AAH) 1 offre une reconnaissance signifiante dans la cure de la patiente ; que l’enfant reste dans le giron de la mère. Selon l’enquête parue en 2009 dans La revue française des affaires sociales 2 , les personnes qui ont une déficience d’origine psychique représentent 25 % des demandeurs d’AAH et 28 % des AAH accordées.

Cette déficience occupe le 2e rang des demandes après la déficience motrice (29 % des demandeurs). C’est le premier motif d’attribution de l’AAH qui répond principalement aux « diagnostics principaux de schizophrénie, trouble schizotypique, troubles délirants ainsi que des troubles de l’humeur dont les maladies maniaco-dépressives, les troubles dépressifs récurrents etc. »

Il ressort également que seulement 13 % des demandeurs d’AAH ayant une déficience psychique travaillaient au moment de l’enquête, dont 14 % percevaient l’allocation chômage et 73 % étaient inactifs.

Dans le contexte français qui prévoit que « les personnes qui travaillent cotisent pour celles qui ne travaillent pas 3  », l’état organise ce soutien social minimum pour les personnes qui ne peuvent accéder à l’emploi.

L’instruction interministérielle de juin 2019 présente les modalités de déploiement du dispositif d’habitat inclusif sur les territoires prévu par la loi ELAN (cf. conditions d’éligibilité au forfait fixées par le décret n°2019-629). Cette nouvelle prérogative vise à dépasser le caractère binaire de l’offre pour les personnes handicapées, classiquement séparée entre « domicile » et « établissement ».

Cet habitat est destiné aux personnes qui font le choix, à titre de résidence principale, d’un mode d’habitation regroupé, entre elles ou avec d’autres personnes.

Assorti d’un projet de vie sociale et partagée, il constitue la résidence principale de la personne. C’est son lieu de vie ordinaire, inscrit durablement dans la vie de la cité. Cet habitat comprend enfin la possibilité de recourir à des services d’accompagnement.

Ce dispositif est une possibilité offerte à la patiente et à son fils de s’inscrire autrement dans l’existence. Il permet qu’une transition s’opère enfin dans leurs vies sociales.

La patiente trouve un appui précieux dans sa psychothérapie pour associer librement l’apparition del’angoisse suscitée par la séparation. Et, ainsi d’examiner « sa responsabilité d’avoir trop protégé son fils enfant alors même qu’il était en âge d’être autonome et de s’éloigner d’elle ».

Le numéro pour contacter le Service d’Écoute Téléphonique d’Urgence -SETU ?– du Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital – RPH – a été proposé à la patiente en institution. Il permet aux personnes en souffrance au sein de leur vie familiale d’être reçues en urgence par des psychothérapeutes et des psychanalystes du réseau sur Paris et sa banlieue 7/7 j et 24h/24 en appelant le 01.45.26.81.30.

1 Délivrée par les commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) placées au sein des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

2 « Les personnes souffrant d’un handicap psychique : Allocation aux adultes handicapés et emploi. Données de cadrage » in Revue française des affaires sociales 2009/1-2, pages 95 à 98.

3 Monsieur le Ministre de l’économie Bruno Lemaire, communication du 1 décembre 2019 sur France Inter.