Ouarda Ferlicot
Nanterre, le 26 novembre 2020.
Selon le site de l’INSERM, en France, l’obésité concerne 17% des adultes et chez les enfants, 16% des garçons et 18% des filles. Considérée comme une maladie, l’obésité est source d’affections multiples : diabète de type 2, maladies cardio-vasculaires, rénales, hépatiques, articulaires, respiratoires, dermatologiques…
Selon le site de l’assurance maladie, le chiffre de la chirurgie bariatrique ne cesse d’augmenter en France. Cette chirurgie est recommandée en seconde intention, c’est-à-dire, après l’échec de tous les traitements paramédicaux (diététiques, médicamenteux, psychologique). Pourtant, régulièrement, lorsque des patients viennent me consulter pour une demande de chirurgie bariatrique afin d’obtenir une attestation d’aptitude, je remarque qu’aucun suivi psychothérapique n’est effectué en première attention. Ce suivi est pourtant l’une des recommandations de l’assurance maladie avant le traitement radical que constitue la chirurgie bariatrique.
Une patiente me rend visite suite à une demande de suivi pour chirurgie bariatrique. Lorsque je lui demande ce qui la fait souffrir, elle répond que tout va bien. Est-ce par déni ? Par ignorance ? Je m’étonne et lui rappelle qu’elle envisage une chirurgie bariatrique pour son obésité signe que quelque chose ne va pas.
Elle dit que si elle souffre c’est uniquement physiquement. Elle ne peut pas faire ce qu’elle veut avec son corps, ressent une gêne quotidienne, et est rapidement essoufflée. Ici, nous retrouvons le moi totalement aliéné qui se rappelle qu’il est aussi un corps quand celui-ci ne se soumet plus à sa volonté. C’est le moi fort dans toute sa splendeur. Mais qu’en est-il du désir ?
La patiente aborde le fait qu’elle mange trop et qu’elle n’arrive pas à maigrir. Je lui indique alors qu’elle peut parler cela en séance. Mais de cela elle ne veut rien savoir ! Sa décision est prise : elle veut se faire opérer.
L’être choisit la voie que lui offre la chirurgie qui s’emploie à découper, plier et saucissonner. Prochainement, arriveront d’autres techniques à l’étude sur le marché – d’après le site de la Haute Autorité de Santé – la SADI-sleeve, la sleeve-endoscopique et la bipartition du transit. Il y en a pour tous les goûts et si la coupe ne convient pas, il sera possible de se faire rafistoler avec une autre chirurgie barbare-trique !
Pour reprendre la métaphore de Laure Baudiment dans sa brève du 15 mai 2018 intitulée Pour une chirurgie symbolique, la psychanalyse offre la possibilité d’une « chirurgie symbolique ». Aux amours déçues, aux ravages maternels, aux vœux d’étripage, de découpage, d’emmanchage et de saucissonnage en tout genre, la chirurgie symbolique permet de tisser, de coudre l’absence, d’apprendre à faire avec la carence mais surtout de castrer symboliquement la pulsion déchainée.
La chirurgie symbolique est moins coûteuse et constitue une Autre voie possible pour se défaire de ce trop.