Les effets d’une psychothérapie sur le soin apporté à soi-même
Ouarda Ferlicot
Nanterre, le 30 juin 2017
Monsieur A., en situation de handicap, me signale qu’il s’est rendu compte qu’il a le désir de prendre soin de lui depuis qu’il vient à ses séances. Il s’engage alors à prendre de multiples rendez-vous médicaux afin de traiter des symptômes corporels de plus en plus gênants qu’il a laissé traîner jusque-là. C’est ainsi que l’un des médecins lui signale une anomalie nécessitant des examens complémentaires avec la possibilité d’une maladie dégénérative.
Monsieur B. sent une douleur à la dent, sans hésiter un seul instant, il saisit son téléphone et prend rendez-vous chez le dentiste. Ce n’est qu’une fois le rendez-vous pris qu’il s’est rendu compte que cela faisait des années qu’il n’avait pas vu le dentiste et que pour la première fois, dit-il, il n’a pas remis à plus tard le fait de prendre soin de lui.
Monsieur C., très âgé, n’avait pas mis les pieds chez un médecin depuis des années et vivait dans un appartement dans lequel il ne pouvait plus mettre un pied devant l’autre tant s’entassaient les papiers et journaux. Ce n’est qu’au cours de sa psychothérapie qu’il se décide à programmer certains examens médicaux nécessaires à son âge mais aussi à entreprendre de trier et de jeter tout ce qui encombrait son appartement.
Il arrive que certains médecins, par ignorance, n’hésitent pas à interférer dans la relation transférentielle qui lie le patient à son psychothérapeute ou psychanalyste en invitant le patient à consulter un autre professionnel. Ce fut le cas d’un médecin qui conseilla à une patiente de rencontrer son confrère spécifiquement pour traiter son symptôme alimentaire tandis que la patiente l’avait informé qu’elle venait déjà me voir.
Ils peuvent aussi s’étonner de la fréquence des séances et demander aux patients de les réduire. Il ne nous viendrait pas à l’idée de demander à un patient de suspendre son traitement médicamenteux ou de réduire ses antidépresseurs même si nous savons, à la suite de nombreuses études, que dans une grande majorité des cas leurs effets sont aussi efficaces que ne le sont les placebos.
Si une partie de la population renonce à se soigner, cela n’est pas seulement imputable à un manque de moyen financier mais aussi bien à un manque d’égard envers soi.
Ainsi, il est possible de penser que si un patient en psychothérapie consulte un médecin, cela peut être lié aux effets de sa psychothérapie ou même de sa psychanalyse s’il est sur le divan.
Effets qui ne se contentent pas d’un rendez-vous une fois tous les quinze jours mais au contraire d’au moins trois séances hebdomadaires. Ce n’est qu’à ce prix que nous pouvons espérer adoucir la résistance du surmoi, celle qui trouve sa source dans la culpabilité inconsciente et le besoin de punition.