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Les politiques, la psychanalyse et l’éducation – Paris 75

Qu’est-ce qu’ils nous préparent ?  

Fernando de Amorim 
Paris, le 14. IX. 2011

Du primaire jusqu’au lycée, la France investit dans l’éducation de manière décroissante depuis 1995. C’est ce que nous apprend « Le Monde » du 14. IX. 2011. Quelles sont les conséquences pour une nation de ne pas investir dans la formation intellectuelle et culturelle de ses membres ? 

Le « ils » de mon titre vise nos responsables politiques. Ils veulent nous donner à boire et à manger en sécurité. Mais il s’agit d’une sécurité externe qui, même ayant sa valeur – je pense aux forces de l’ordre -, ne peut remplacer les règles que tout un chacun incorpore dans le moment crucial de son existence qu’est l’enfance. C’est Freud et la psychanalyse qui avaient attiré l’attention sur cette période structurante de l’avenir de l’homme. 

Au contraire d’appuyer la psychanalyse et l’éducation, les politiciens de tous bords s’engagent dans une autre voie, une voie de laxisme, voire de répression des résultats d’une éducation défaillante.

C’est ainsi que « Le Figaro » titre en première page de son édition du 14. IX. 2011 « 30 000 places de prison supplémentaires », et cela « pour améliorer l’exécution des peines ». Il me semble que, au contraire de viser à créer des prisons, nous devrions investir davantage et dès maintenant, dans la formation et l’avenir des jeunes. Tout un chacun a déjà vécu l’expérience de la frustration excessive et l’impasse génère la violence et la haine

La France a une histoire différente de celle des EUA, où la loi du signe et du plus fort écrase celle du signifiant et de la castration. Chez nous, la punition cherche toujours à être juste, mais comment punir justement quand l’être n’est pas appuyé pour devenir sujet ? 

Le modèle de notre CPP, notre consultation publique de psychanalyse, devrait être utilisé pour, d’un côté mettre en évidence le désir d’opérer des jeunes étudiants en psychologie et en psychiatrie, qui se battent pour devenir psychanalystes ; et de l’autre, cette armée d’exclus d’avenir social qui va grossissant à vitesse grand V. 

L’unique autorité politique qui avait répondu à mes appels n’était ni « autorité » ni « politique ». C’était une charmante femme, Madame Carla Bruni-Sarkozy. Depuis des années sans avoir de réponses à mes requêtes, notamment celle d’avoir un local pour créer un lieu de consultation publique de psychanalyse, c’est par son biais que j’ai pu introduire au cœur du gouvernement ma demande d’un lieu pour le traitement psychique de nos concitoyens. Je n’ai pas obtenu satisfaction. Il nous faut impérativement un local où les personnes puissent être reçues pour des traitements psychiques à moindre coût, et que ces traitements soient assurés par de jeunes étudiants, sous la responsabilité clinique de leurs aînés.  

Je pense que le vœu de Freud, à savoir, que l’État s’occupe de la névrose avec le même sérieux que de la tuberculose, est toujours pieu et c’est regrettable. Pendant ce temps-là, nous brûlons 19 millions de vaccins contre la grippe A. Cette erreur de calcul de Roselyne Bachelot-Narquin, nous a couté 400 millions d’euros. C’est sa faute ? Pas du tout. S’il n’y avait pas eu assez de vaccins pour la population elle aurait été clouée au pilori. 

Nous avons là une démonstration de ce que soulignait Freud, à savoir qu’éduquer, psychanalyser et gouverner sont des métiers impossibles. Mais cela ne doit pas empêcher les autorités politiques d’avoir le courage nécessaire pour les décisions difficiles, nécessaires et urgentes.