L’importance de la psychothérapie pour les personnes abusées et violentées sexuellement.
Magali Sabatier,
Paris, le 2 juillet 2017
Une victime de viol sur cinq n’a jamais parlé de son agression, apprend-on dans un article paru dans le journal Libération (8 février 2017). Elles ne seraient que 13 % à porter plainte. Quelles raisons à cela ?
Dépossédé de l’intime de son corps et nié dans sa position d’être désirant, l’être soumis à la violence sexuelle devient l’objet de la jouissance de l’autre. C’est un traumatisme ravageur. Les soins psychothérapiques sont nécessaires pour dire l’indicible et restaurer sa dignité.
La confrontation aux abus sexuels entraîne une cohorte d’affects parmi lesquels la peur, la honte, la colère mais aussi la culpabilité. Ces affects et les représentations qui y sont liées ne trouvent pas toujours à s’énoncer, accentuant la souffrance.
La culpabilité, colère retournée contre soi, se manifeste sous forme d’auto-reproches : ne pas avoir dit non ou pas de façon suffisamment explicite, n’avoir rien dit ou encore y avoir pris une forme de plaisir, indicible. Les récriminations renvoient également à une façon d’être vêtu, au lieu peu fréquentable, au fait d’avoir cédé à la flatterie ou bien à un fantasme apparu quelque temps auparavant. C’est en accédant à cette part de culpabilité inconsciente au cours du travail psychothérapique qu’un apaisement voit le jour. Il s’agit de cette part de responsabilité que l’être a le sentiment d’avoir pris dans ce qui lui est arrivé. La personne se dit qu’elle y est aussi pour quelque chose. Mais pas dans le sens d’une faute commise. Au contraire, en opérant un renversement des places, la personne n’est plus seulement un objet du désir de l’autre mais se réapproprie un contrôle, un rôle actif et restaure quelque chose de sa position de sujet.
Taire, être dans le déni pendant des mois, voire des années conduit à cultiver une souffrance qui va s’exprimer malgré tout. Le corps se fait alors souvent le relais de la parole. Plus ou moins bruyamment et au détour d’évènements, apparaissent des crises d’angoisses, des problématiques alimentaires (anorexie, boulimie), des douleurs corporelles, etc. La relation aux autres, et particulièrement la relation amoureuse, devient la scène où se rejouent la crainte, les rapports de domination et de soumission. Cela peut entrainer des difficultés à nouer une relation amoureuse malgré un désir bien présent, des conduites d’évitement, d’échec à répétitions ou de mise en danger.
La psychothérapie et surtout la psychanalyse engagent l’être dans un processus d’ouverture de la parole et de subjectivation des évènements qui ont bouleversé la vie à moment donné. Dire ce qui a été subi, s’autoriser à exprimer sa douleur, sa colère et sa culpabilité amène à se dégager de cette identification à l’agresseur, mécanisme mis en place pour faire place à la peur terrifiante du traumatisme et à se défaire de son manteau de victime.
La psychanalyse permet de surmonter, dépasser le traumatisme, restaurer une image de soi dégradée, rééquilibrer les relations affectives et redevenir acteur de son histoire.