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Mot d’ordre

 

Mot d’ordre ?

Jean-Baptiste Legouis

Paris, le 20 septembre 2021

Je réponds par cette brève à une question posée hier, via ma boîte mail, par une collègue de l’Association Psychanalyse et Médecine (APM). Celle-ci répondant très gentiment à mon envoi de la plaquette de notre colloque du 16 octobre prochain, portant sur le traumatisme, me fait savoir qu’elle est interpellée par le fait que, dans le programme, les intervenants se présentent en qualité de « psychothérapeute ». Elle souligne que ce n’est pas si courant et demande si c’est un mot d’ordre.

La lecture attentive de cette collègue mérite une justification théorique.

Il ne s’agit pas d’un mot d’ordre mais d’un éclaircissement des positions transférentielles que nous occupons dans la clinique.

Une psychanalyse ne commence pas dès que l’être en souffrance qui vient nous voir a franchi la porte du cabinet. Le plus souvent nous sommes, dans un premier temps, mis dans une position transférentielle imaginaire (a ― a’), qui caractérise la position de psychothérapeute1 . Cela peut durer un certain temps.
Dans certains cas notre travail, ici en face à face, n’ira pas plus loin. Dans d’autres cas, le désir de savoir se fait jour chez le patient et autorise le clinicien, autorisé à son tour par l’Autre barré (Ⱥ), à l’inviter à s’installer sur le divan. Ce qu’il n’est pas obligé d’accepter, évidemment. S’il s’y installe et y reste, alors le clinicien se trouve mis, par le psychanalysant, en position de supposé-psychanalyste. Transfert s’appuyant, lui, sur la position de semblant d’objet a.

Nous considérons que cette position est tenue par le clinicien jusqu’à la sortie de psychanalyse du psychanalysant. À la sortie de sa psychanalyse, l’être devient sujet et, par là-même, le supposé-psychanalyste devient le psychanalyste de cette cure.

Tous ces éléments sont représentés sur la cartographie du RPH élaborée par Fernando de Amorim en 2004 et que nous utilisons et faisons évoluer très régulièrement, depuis dix-sept ans, pour nous repérer dans la clinique.

Dans notre École, le moment où, pour la première fois, un clinicien a conduit une cure jusqu’à sa sortie, donne lieu à une réunion clinique avec les membres cliniciens de l’École et, au moins deux psychanalystes d’autres écoles.

À l’issu de cette réunion clinique nous reconnaissons, ou non, qu’il y a eu sortie de psychanalyse. Si oui, le clinicien est désormais reconnu psychanalyste au sein de notre École et socialement.

C’est à ce moment que, lorsqu’il intervient dans nos colloques, il est désigné en qualité de psychanalyste. Ce dispositif, très succinctement résumé ici, nous l’expérimentons et l’éprouvons depuis plus de dix ans. Il relève d’une théorisation et d’une articulation logique que nous exposons dans nos colloques et dont nous sommes tout à fait désireux de discuter.

Notre XLIe colloque qui portera sur le traumatisme2 et qui se déroulera le 16 octobre 2021, pourrait nous en fournir l’occasion. Nous serons ravis de vous y accueillir.