Nouha Babay
Paris, le 31 mars 2020
Depuis le début du confinement, en France ou ailleurs, le personnel soignant est applaudi tous les soirs par les citoyens du monde pour les encourager dans cette épreuve. Médecins, urgentistes, infirmier-ères, aides-soignants dans les établissements hospitaliers se trouvent en première ligne pour faire face à l’inconnu. Les reportages télévisés s’accumulent et relaient une situation inquiétante dans laquelle des hommes et des femmes se trouvent confrontés à la mort tous les jours. Débordement des hôpitaux, une charge de travail exponentielle et un manque de matériels, l’inquiétude croît de jour en jour. Mais est-il suffisant d’être applaudi ?
Face à la propagation du Coronavirus, au déferlement de personnes malades et au manque de ressources, le personnel de la santé se sent abandonné. Un abandon qui s’observe doublement : du point de vue de l’organisation du système de santé qui, depuis des années maintenant, subit les effets d’une politique drastique de gestion des coûts (lit, personnel, matériel) et, du point de vue de l’irresponsabilité de certains individus au sein de la population. Ces derniers jouissent des premières belles journées printanières témoignant d’un manque de reconnaissance vis à vis des efforts des soignants. D’où cette insistance du corps médical : « Restez chez vous ! ».
En effet, durant une longue journée de travail, ces hommes et ces femmes, sont à pied d’œuvre pour faire face à la situation urgente et sauver des vies, au prix de la leur. Cette pandémie amène avec elle, non seulement une maladie infectieuse, mais aussi un choc émotionnel : celui de la peur existentielle de l’être face à la mort. Le personnel soignant, comme toute autre personne, peut être submergé par de forts sentiments d’impuissance et de peur irrationnelle, voire d’agressivité. En ce temps de crise, des affects longtemps refoulés peuvent éclore emprisonnant l’être dans une incompréhension totale d’une étrangeté qui se réveille en lui et qui le handicape dans l’exercice de son métier. A l’épuisant labeur, viennent s’ajouter la colère, la haine et l’angoisse qui pèsent encore davantage sur les épaules des soignants.
Pour surmonter cette détresse, débuter une psychothérapie par téléphone est une solution pour que le personnel soignant soit aussi, aidé, soutenu et soulagé. Dans une situation d’incertitude et d’incompréhension globale face à une épidémie et à la mort, les mots ont un poids qui est, parfois, lourd à porter. Se décharger de ce fardeau peut amener celui qui souffre vers une nouvelle voie possible.
La responsabilité clinique d’un psychothérapeute est d’écouter cette urgence sanitaire qui se manifeste chez le personnel soignant qui côtoie et vit quotidiennement des situations de débordements émotionnels. Commencer une psychothérapie peut apaiser ce flux émotionnel et permettre de mieux gérer l’urgence.
Depuis sa fondation en 1997, Le RPH, Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital, vise une clinique de partenariat entre personnel de santé et psychanalyste. Durant la période que nous traversons, ce partenariat est plus que jamais concret. Le RPH, dispose d’un Service d’Ecoute Téléphonique d’Urgence, le SÉTU ? que vous pouvez contacter 24h/24h au 01 45 26 81 30 pour parler librement vos pensées!