Au moment où nous publions le Manuel clinique de psychanalyse du RPH, il nous a paru important de revenir sur les sursauts préalables qui ont conduit à sa mise en route il y a huit ans. En 2013, nous sommes dans un contexte de préparation et d’organisation de la riposte, au sein de différents groupes de psychanalystes, face à l’arrivée du DSM-5 en France. Le collectif « Stop DSM » s’est mis en place depuis octobre 2010 sous la direction de Patrick Landman. Ce collectif regroupant des analystes de différentes écoles s’est constitué autour d’un petit ouvrage publié en 2011 chez Érès : « Initiative pour une Clinique du Sujet (ICS) – Pour en finir avec le carcan du DSM ».
À partir de septembre 2012, un groupe issu, en partie de l’ICS, constitué de psychiatres, de psychologues et d’analystes, commence à travailler à une classification française des troubles mentaux sur le modèle de la Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de l’Adolescent (CFTMEA, dirigée par Roger Misès et éditée en 2000), afin de proposer une alternative française au DSM-5 et à sa traduction française prévue pour 2015. Jean-Baptiste Legouis participe à un sous-groupe de travail pour la Classification Française des Troubles Mentaux (CFTM) avec Patrick Landman. Ce travail de rédaction durera jusqu’à la fin de l’année 2014.
À la suite d’une conférence de presse pour présenter le collectif Initiative pour une Clinique du Sujet le 25 avril 2013, le RPH a, dans ce contexte, organisé un débat, qui a réuni plusieurs psychanalystes, intitulé « Pour une clinique du sujet » le 24 juin 2013 au FIAP Jean Monnet –30 rue Cabanis à Paris 14 ème .
C’est à l’été 2013 que Fernando de Amorim propose l’idée d’un Manuel du RPH alors que Ouarda Ferlicot est à l’époque en séance de supervision avec lui. La difficulté clinique, alors apportée, concerne un cas de psychose reçu à l’époque dans le cadre du dispositif de Consultation Publique de Psychanalyse (CPP). C’est celle-ci qui inaugure l’idée de rédiger un « Manuel de direction clinique » du RPH dans un contexte qui est alors favorable.
Pourquoi un « Manuel de direction clinique » à l’époque ?
Il s’agissait de proposer un manuel en mesure de répondre aux problématiques soulevées par la direction de la cure psychanalytique et comment le psychanalyste pouvait, sans renier les structures freudiennes et en tenant compte des apports de Jacques Lacan, mettre en pratique cet enseignement, en montrer l’actualité et témoigner des effets de la psychanalyse dans la vie des êtres en souffrance. C’est en s’appuyant sur la clinique que nous pouvions prouver les effets longtemps signalés par les psychanalystes eux-mêmes : baisse de prise des traitements médicamenteux, baisse des hospitalisations, baisse des consultations multiples chez des médecins, baisse des arrêts-maladies, amélioration des conditions d’existence et in fine, baisse du coût financier pour la société et par conséquent, un gain pour la Cité.
Ouarda Ferlicot est alors chargée de récolter auprès de ses collègues des vignettes cliniques. Malgré de nombreuses relances et demandes, le projet est mis de côté car il ne rencontre pas l’engouement des membres de l’école.
Au printemps 2015, en mars plus précisément, une soirée de présentation de la Classification Française des Troubles Mentaux (CFTM R-2015), publiée sous la direction de Jean Garrabé et François Kammerer, a lieu. Jean-Baptiste Legouis, à cette occasion, relance Ouarda Ferlicot pour savoir si elle souhaite rédiger un manuel qui défende la psychanalyse et la pratique clinique telle que nous la connaissons. Elle répond par l’affirmative. Nous réfléchissons à un plan et une orientation a donné au travail. Ouarda Ferlicot relance la collecte des vignettes cliniques, et le travail commence à se mettre en place.
Au début de l’année 2015 (en janvier), Gérard Pommier organise chez lui une première réunion pour proposer le canevas d’un manuel qui ferait davantage de place à la psychanalyse que ne le fait la CFTM. Trois réunions ont lieu, avant la présentation du projet à la Maison de l’Amérique Latine (30 janvier, 13 mars et 17 avril). Jean-Baptiste Legouis y était présent.
Parallèlement, s’organise une réunion à la Maison de l’Amérique Latine le 4 mai 2015 sous la direction de Gérard Pommier et de Jean-Pierre Le Brun. La proposition de Gérard Pommier est de réunir une équipe de cliniciens de différentes écoles de psychanalyse, souhaitant s’engager dans un travail d’élaboration d’un Manuel capable de contrer l’arrivée du DSM-5 et être en mesure de proposer une lecture psychanalytique de la souffrance psychique.
Nous étions alors plusieurs membres cliniciens présents à cette réunion, désireux de faire partie de ce projet : Sara Dangréaux, Fernando de Amorim, Julien Faugeras, Marine Bontemps, Julie Mortimore-Billouin, Ouarda Ferlicot, Diane Merakeb et Jean-Baptiste Legouis.
De mai à septembre, le temps passe et aucun des membres féminins de l’école n’est contacté par Gérard Pommier pour son projet. Julien Faugeras rejoindra Jean-Baptiste Legouis lors d’une réunion ultérieure sur le projet de manuel de Gérard Pommier et Jean-Pierre Lebrun avant que ce projet ne périclite en 2016.
Fin mai Fernando de Amorim annule son séminaire mensuel et organise une réunion avec les cliniciens présents à la réunion à la Maison de l’Amérique Latine. Il nous présente un texte de présentation du désir de ce manuel, et nous commençons à élaborer un plan de travail. Fernando de Amorim prend la direction de ce manuel du RPH et cette fois-ci, à partir de septembre 2015, toute l’équipe de cliniciens suit.
Ainsi, la publication du « Manuel clinique de psychanalyse » du RPH, sous la direction de Fernando de Amorim est l’aboutissement d’une élaboration collective débutée en mai 2015, de manière bimensuelle d’abord, puis hebdomadaire ensuite.