Sur la psychanalyse didactique
Fernando de Amorim
Paris, 28. VII. 2011
Historiquement la psychanalyse didactique s’adresse à celles et ceux qui se destinent au métier de psychanalyste.
Actuellement, je propose au sein du RPH une version où je demande l’attention et la critique des cliniciens : il existe deux temps dans ce passage du psychanalysant au psychanalyste.
Dans un premier temps, le candidat à devenir psychanalyste découvre, dans sa psychanalyse personnelle – qui jusqu’à présent était une cure-type, caractérisée par le psychanalysant sur le divan et le psychanalyste sur son fauteuil – le désir de devenir psychanalyste.
La découverte du désir de devenir psychanalyste éclot sur le divan et à l’insu du psychanalysant. Cette éclosion s’effectue dans un temps différent de celui de la demande de psychanalyse pour « devenir psychanalyste » ou pour « écouter mieux ses patients ».
Le psychanalyste doit appuyer ce désir du psychanalysant-candidat et non lui mettre des bâtons dans les roues, voire le stopper. Il ne revient pas au psychanalyste du candidat de lui interdire ou lui barrer le chemin de la construction de ce désir mais, tout au contraire, il lui revient de l’appuyer dans l’obtention des moyens d’accéder à ce désir, en l’orientant, à faire les études exigées par la société civile, à s’inscrire dans une école de psychanalyse et, surtout, à commencer à recevoir des patients sous la responsabilité d’un superviseur.
Une fois que le candidat donne pour la première fois rendez-vous à un patient, son psychanalyste doit lui conseiller de venir lui parler ou de rencontrer un psychanalyste de la même école que lui.
Dans la cartographie du RPH, le psychanalysant – cf. la partie supérieure de la colonne 3 – en désirant devenir psychanalyste, tout en continuant sa psychanalyse descend vers la partie inférieure de la colonne 1, où il se trouvera dans la position de psychothérapeute s’il rencontre des malades et patients à l’hôpital ; ou dans la colonne 2, s’il rencontre des patients dans notre CPP, dans un cabinet loué ou de sa propriété. Si ce patient pose sa question au grand Autre, le candidat est mis dans la position de supposé-psychanalyste (cela arrive, avec toutes les complications qui en résultent).
Ainsi, la psychanalyse didactique est à situer non dans la psychanalyse du psychanalysant, mais dans la psychanalyse que le psychanalysant assure avec son psychanalysant, celui-là même qui l’a placé dans la position de supposé-psychanalyste.
La psychanalyse didactique est pratiquée par le candidat à devenir psychanalyste avec le patient et surtout avec le psychanalysant, dont il a la charge d’assurer la cure psychothérapeutique ou psychanalytique.
Elle est didactique parce que le candidat apprend avec les associations libres qui sortent par la bouche du patient et, surtout, par celles du psychanalysant.
C’est ici que je situe le véritable enseignement, parcellaire et vrai, du désir. Ce qui était compris comme un rite d’initiation ou comme la décision d’un maître quelconque, je pense aux réflexions d’Henri Ellenberger, devient un acte opéré par le discours inconscient de l’être dans la position de psychanalysant, reconnu dans n’importe quelle communauté psychanalytique au monde à partir du moment où, en devenant sujet, le psychanalysant lâche celui qui l’écoute, comme un fruit mûr.
Cette chute fait de lui psychanalyste de la cure en question.