Retrouver ici les actes du Xè colloque du RPH-Ecole de Psychanalyse, qui eut lieu au printemps 2003 à Paris.
Avec les textes des interventions des psychothérapeutes et psychanalystes, notamment membres cliniciens du RPH.
ainsi que des articles inédits.
Sommaire
Editorial
Jean-Baptiste Legouis, RPH p. 7
Articles p. 9
Recherche clinique en chirurgie et en psychanalyse
Fernando de Amorim, RPH p. 47
Entretien avec Mme Dominique Cupa
Entretien réalisé par Jean-Baptiste Legouis, RPH
Actes du Colloque : p. 67
Ouverture
Fernando de Amorim, RPH p. 71
Parcours
Viviane Marini-Gaumont p. 81
Qu’est-ce qu’un trou ?
Marcel Czermak p. 101
L’expérience d’un psychanalyste de l’Institut de Psychosomatique de Paris p. 119
Claude Smadja
Une approche analytique du malade atteint d’un cancer : la pratique d’écoute dans un lieu d’accueil p. 149
François Bessis-Averoin
Un psycbanalyste à l’hôpital !
François Leguil p. 163
Résumés des interventions p. 185
Viviane Marini-Gaumont
Parcours
Dans cet exposé madame Marini-Gaumont articule l’expérience de son analyse personnelle avec Jacques Lacan avec trois vignettes cliniques. Elle nous parle de l’articulation complexe de la parole et de ses effets sur le corps dans le cadre de la cure.
Marcel Czermak
Qu’est-ce que c’est qu’un trou ?
Monsieur Czermak expose sa longue expérience hospitalière. Il évoque son travail à l’hôpital Avicenne. S’appuyant sur le vécu corporel subjectif il questionne l’appréhension que nous avons du corps, de l’organisme et de leurs fonctions. Après une réflexion centrée sur sa clinique et sur l’histoire de la psychiatrie, il développe une théorisation complexe du lien de la psychanalyse et des psychanalystes avec la médecine et le soin.
Pour conclure, l’argumentaire de ce colloque est questionné, en particulier la notion de clinique du partenariat et les malentendus qu’elle peut engendrer.
Claude Smadja
L’expérience d’un psychanalyste de l’institue de psychosomatique de Paris (IPSO)
Monsieur Smadja nous parle des particularités de la théorisation et de la pratique de l’institue de psychosomatique. Il évoque la question de la maladie, du corps et du psychisme et de l’articulation du travail du patient, du médecin et du psychanalyste. Il nous explique comment les membres de l’IPSO reçoivent les patients ainsi que les tenants et les aboutissants, dans la pratique, de la conceptualisation des phénomènes et des patients « psychosomatiques » .
Françoise Bessis-Averoin
Une approche analytique du malade atteint de cancer :
la pratique d’écoute dans un lieu d’accueil
La création, la conception, le cadre de ce lieu d’accueil qu’est le Centre Pierre Cazenave, la pratique qui s’y déroule sont issus de la recherche clinique et thérapeutique de psychanalystes à partir de leur expérience avec les malades atteints de cancer.
Une notion clinique essentielle guide les modalités de notre approche analytique des malades : le cancer envisagé à la fois comme traumatisme et comme événement psychique.
De la brutalité de son apparition, de la menace mortelle, de l’entame corporelle, du bouleversement des repères, le cancer constitue un trauma à la fois physique et psychique ; par ailleurs, la détresse actuelle liée au cancer provoque souvent la réactualisation d’une détresse aux racines anciennes, d’une détresse infantile, de traumatismes précoces.
Dans cette actualité traumatique de la maladie et des traitements, la rencontre avec le psychanalyste, son engagement prennent toute leur portée. Dans son aptitude à rejoindre, à reconnaître la souffrance à la fois actuelle et ancienne du malade, l’analyste instaure un lien qui constitue un solide étayage faisant rempart aux effets désorganisateurs, destructeurs du trauma, et accède ainsi à ce nourrisson en détresse, qui n’a parfois jamais eu droit de cité, ce qui remet en jeu l’histoire archaïque et peut susciter un travail d’élaboration psychique inédit et parfois vital.
Ainsi, ce moment de « turbulence émotionnelle » (Bion) intense lié au trauma du cancer peut-il devenir un événement psychique qui est l’occasion pour le malade d’un trajet subjectif fécond, qui soutient son désir de vivre, quel que soit d’ailleurs le temps de survie, et qui parfois, plus radicalement encore, le fait naître à la vie psychique. « Depuis le cancer, j’ai enfin l’impression de me sentir vivre », témoignent un certain nombre de patients.
Toutefois, pour un certains nombre de malades, la difficulté de prendre acte de leur détresse pour faire appel à l’autre, empêche souvent que cette rencontre ait lieu.
Le Centre Pierre Cazenave est un lieu où sans demande précise, quelle que soit l’expression plus ou moins verbalisée de sa détresse, le malade est en quelque sorte accueilli inconditionnellement, sans contrainte de temps, par le groupe animé, dans chaque permanence, par un psychanalyste et deux accueillants (ayant la double expérience de la maladie et d’une cure analytique). Mais c’est aussi un lieu en marge de l’institution hospitalière, ce qui permet au malade de décoller du discours médical sur sa maladie, pour faire valoir sa souffrance subjective.
Enfin, à la fois lieu « contenant » (Bion) et « espace transitionnel » (Winnicott), à travers le groupe d’accueil et les entretiens individuels avec le psychanalyste, il permet au consultant de cheminer selon ses besoins, de tisser des liens et de préciser sa demande.
François Leguil
Un psychanalysant à l’hôpital !
Partant de l’importance de son analyse personnelle, de sa propre cure, sur le regard qu’il a porté sur l’hôpital, monsieur Leguil, tout au long de son riche exposé, aborde de nombreuses questions essentielles : « Qu’est-ce que la médecine ? Qu’est-ce que la psychiatrie ? Qu’est-ce que la clinique ? Qu’est-ce que la thérapeutique ? Qu’est-ce que la plainte ? Qu’est-ce que la guérison ? ».
Monsieur Leguil nous propose ensuite une lecture de l’évolution des pensées au travers de la médecine, la psychiatrie, la pharmacie. Il distingue entre autre les concepts de clinique et de thérapeutique en se référant aux enseignements de Freud et de Lacan et cherche les limites auxquelles les différents praticiens sont confrontés.
Toute cette réflexion l’amène à questionner la définition d’une médecine scientifique et son articulation avec la psychanalyse.