Retrouver ici les actes du Vè colloque du RPH-Ecole de Psychanalyse intitulé Le langage entre technique et éthique En médecine, Chirurgie et Psychanalyse qui eut lieu en 2003 à Paris.
Avec les textes des interventions des psychothérapeutes et psychanalystes, membres cliniciens du RPH notamment ainsi que des articles inédits.
“Un mot et tout est sauvé.
Un mot et tout est perdu”.
André Breton (Le revolver à cheveux blancs)
La thérapeutique s’appuie sur la mise en place d’une relation basée sur le langage entre les patients et les cliniciens (médecins, chirurgiens et psychanalystes). La parole tient une place centrale dans la prise en charge de ces patients. Comment les uns et les autres utilisent cet outil, si familier qu’on en oublie sa richesse et sa complexité ?
Depuis la création du RPH, la clinique du partenariat est l’un de ses objectifs centraux. Nous savons les difficultés de communication qui peuvent exister entre les différents professionnels. Nous voulons travailler la façon dont nous nous parlons et dont nous nous entendons.
Nous allons, tout au long de ce colloque, parcourir avec des chirurgiens, linguistes, médecins et psychanalystes, cette dimension humaines fondamentale qu’est le langage.
Notre réflexion se confrontera nécessairement à cette affirmation centrale de la théorie lacanienne : “L’inconscient est structuré comme un langage”.
Sommaire | |
Editorial Jean-Baptiste Legouis | p. 9 |
Articles | p. 13 |
Réponse à mon bon ami Owen Fernando de Amorim | p. 15 |
Un fétiche pour les ignorants :la psychothérapie Patrick Valas | p. 27 |
La séance lacanienne Fernando de Amorim | p. 59 |
Passes le Sabres et le Pinceau Patrick Valas | p. 67 |
Forum des Psys : 15 novembre 2003 Jean-Michel Louka | p. 85 |
Forum des Psys Fernando de Amorim | p. 93 |
Actes du Colloque | p. 99 |
Ouverture Vladimir Mitz | p. 101 |
La dimension psychique dans l’indication d’une chirugie plastique Sophie Bialek | p. 111 |
Histoire et technique de la linguistique articulées à la psychanalyse Anne-Marie Houdebine-Gravaud | p. 129 |
Discussion | p. 149 |
Parole et acte chirurgical Philippe Saffar | p. 161 |
Point de vue neurologique sur les troubles du langage Catherine Belin | p. 171 |
Discussion | p. 183 |
Langage de chirurgien et langage d’andrologue Alain Jardin | p. 209 |
Signifiants dataux, nom propre, holophrases Jean Guir | p. 217 |
Discussion | p. 229 |
Le Réel, le Savant et le Petit médecin Jacques Leibowitch | p. 239 |
Discussion | p. 251 |
Premier Pas Patrick Valas | p. 259 |
Discussion | p. 271 |
Conclusion Rami Selinger | p. 281 |
Résumé des interventions
Jean-Baptiste Legouis
Sophie Bialek : La dimension psychique dans l’indication d’une chirurgie plastique.
Sophie Bialek nous parle de la part de plus en plus importante de la chirurgie esthétique dans notre société et de la façon dont le psychiatre et le psychanalyste peuvent être sollicités par les médecins et les chirurgiens en ce qui concerne l’indication de l’opération.
Pour illustrer ce partenariat avec les chirurgiens Sophie Bialek expose trois situations cliniques dans lesquelles elle nous montre les éléments qui l’ont amené à se positionner différemment concernant l’opportunité d’une intervention chirurgicale ; une fois à dire « non » une fois à dire « oui » et à vivement encourager l’intervention, et une fois à dire « pourquoi pas ».
Anne-Marie Houdebine-Gravaud : Histoire et technique de la linguistique articulée à la psychanalyse.
Dans un premier temps, Anne-marie Houdebine-Gravaud nous rappelle l’éthique constitutive de la science linguistique, le refus de travailler sur les origines et en particulier l’origine du langage. Ensuite elle aborde la théorisation de Saussure et ce que Lacan lui a repris de la carte forcée du signe ou de la structure. Puis elle pose la question des impositions linguistiques de la constitution du sujet, puisque dans toutes les langues ne se parle pas le sujet de la même façon comme sujet unifié, mais au contraire, comme sujet dispersé, voir en japonais par exemple.
Philippe Saffar : Parole et acte chirurgical.
Philippe Saffar nous expose les questions qui se posent à un chirurgien dans sa façon de parler à un patient avant une opération. Cette parole est aujourd’hui remise en question par la loi qui oblige le praticien à informer le patient des risques liées à l’intervention. Il y a un décalage entre la perception et la connaissance qu’un patient à de son propre corps (corps fantasmé) et celle qu’en a le médecin (corps réel). Le langage peut-il réduire ce décalage ?
Dans un deuxième temps Philippe Saffar nous parle des complications psychiques qui s’expriment dans le corps du patient avant et/ou après une opération et de la façon dont une clinique du partenariat avec un psychanalyste, lors des consultations, peut ouvrir une nouvelle modalité d’intervention dont tout le monde pourra mesurer les bénéfices.
Catherine Belin : Point de vue neurologique sur les troubles du langage.
En partant de la description et l’études des aphasies Catherine Belin nous explique l’évolution des modèles neurologiques concernant le langage. Partant de la description des aphasies de Broca, de Wernicke et des démences elle nous montre comment les modèles théoriques ont évolué depuis le milieu du dix-neuvième siècle jusqu’à nos jours. Catherine Belin s’appuie sur des exemples cliniques et nous expose les évolutions des techniques et les développement épistémologiques et méthodologiques qui en découle, naissance de la neuropsychiatrie et de la neuropsychologie ; importance des progrès qui permettent aujourd’hui, grâce à l’imagerie cérébrale, d’observer le fonctionnement du cerveau d’un individu in vivo et les perspectives que ces techniques ouvrent pour notre compréhension et notre capacité d’intervention sur cet organe.
Alain Jardin : Langage de chirurgien et langage d’andrologue.
Dans cette intervention Alain Jardin nous parlent de sa conception de l’importance et du rôle du langage en tant que chirurgien et en tant qu’andrologue. Dans une première partie il explique les spécificité du langage du chirurgien qui a à faire avec le corps endormi du patient. Il expose ensuite la façon toute différente de s’exprimer de l’andrologue en ce qui concerne la sexualité et les organes sexuels de l’homme en particulier. Il souligne à ce propos les points de divergence qui existent dans le langage et les concepts utilisés par les médecins, les chirurgiens et les psychanalystes
Jean Guir : A propos des signifiants dataux, du nom propre et des holophrases.
Jean Guir nous parle dans cet exposé de l’importance du langage dans l’apparition et la résolution de phénomènes « psychosomatiques ». Il catégorise différents signifiants spéciaux, des mots-clés que l’on peut repérer pendant une cure et qui entre dans quatre grandes catégories. Les signifiants dataux se réfèrent à des évènements de vie du patient qui sont liés à des chiffres ou à des dates importantes. La question du nom propre est centrale dans la façon dont le il prend une signification spéciale dans l’histoire et la symptômathologie du patient. La question de l’appartenance sexuelle et des liens que les symptômes « psychosomatiques » peuvent entretenir avec des caractéristiques associées au sexe opposé désigné sous le terme d’injonction ou obligation d’être né du sexe opposé. Et enfin l’importance des holophrases ou mot-phrases qui prennent une dimension toute particulière dans la pratique clinique du psychanalyste qui sait les entendre, les repérer et les restituer.
Jacques Leibowitch : Le réel, le savant et le petit médecin.
Jacques Leibowitch revient durant son intervention sur les rapports fondamentaux du scientifique et du médecin avec le réel. Il nous explique la façon dont le corps réel est vécu comme étranger par le malade corps répétitif, autonome et horrible. Il développe longuement, en s’appuyant sur le dernier ouvrage de Pierre Sonigo, la façon dont la recherche en biologie déconstruit le réel pour le reconstruire et le représenter grâce au langage et aux concepts. Il nous expose la façon dont l’organisme peut être conçu autrement via la représentation d’un écosystème. Une nouvelle conceptualisation qui ouvre de nouvelles perspectives sur les modalités de soins à apporter aux patients.
Patrick Valas : Premiers pas.
Patrick Valas nous raconte, dans cet exposé, le parcours analytique d’une patiente qu’il a suivi pendant plusieurs années et la façon dont ce trajet s’articule avec une prise en charge médicale et une opération.