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La technique de l’interprétation des rêves en psychanalyse

Fairouz Nemraoui,
Charenton le Pont, le 17.05.2017

Quel est l’intérêt d’associer librement ses rêves en psychanalyse ? Pourquoi donner tant d’importance à ces phénomènes oniriques ?

C’est à Sigmund Freud que revient le mérite d’avoir mis le doigt sur une technique essentielle : l’interprétation du rêve comme voie d’accès à un savoir inconscient.

Au cours du sommeil, un phénomène qui échappe à toute tentative de contrôle par le moi occupe notre psyché : le rêve. Selon Freud, nous devons la formation du rêve aux pensées et événements de la veille, aux divers éléments de notre vie, ainsi qu’à nos souvenirs infantiles y compris ceux auxquels nous n’avons pas accès à l’état de conscience.

Quel qu’en soit le contenu, Freud est formel : chaque fois, le rêve vient signifier l’accomplissement d’un désir, même si celui-ci est réprimé ou déguisé.

Bien que certains rêveurs ne se souviennent pas de leurs songes, tout le monde rêve. Si certains rêves tombent aux oubliettes, c’est par l’action du refoulement. Mais les rêves sont bien présents, pour tous, ils sont même gardiens de notre sommeil !

Ceux qui les mémorisent détiennent alors les premières clés pour apprendre sur eux-mêmes. Certains patients sont bien surpris par l’attention que le clinicien porte à leurs rêves : « j’ai rêvé, je ne vois pas tellement l’intérêt de le dire, c’est complètement absurbe ». Il arrive d’ailleurs souvent que les dires du rêve s’accompagnent de rire en séance. Ce rire, provoqué consciemment par l’incohérence première portée par le songe, révèle qu’il y a autre chose à savoir. Si le rêve peut paraître étranger au rêveur c’est justement parce qu’il porte un savoir auquel l’être n’a pas accès consciemment. Malgré l’étrangeté, c’est bien lui qui a fait ce rêve, il en est l’auteur.

Mais le rêve peut être interprété et Freud nous propose une technique claire. Avant de la révéler et pour en saisir le sens, il est essentiel d’admettre que seul le rêveur détient la clé de l’interprétation de son rêve. Aucune grille de lecture universelle supposant une matrice commune des symboles oniriques n’est possible. C’est d’ailleurs cette question qui fit naitre des désaccords entre Jung et Freud, le premier défendant une symbolique universelle.

Quelle est donc la méthode d’interprétation du rêve qui insiste sur la subjectivité du rêveur ?

En séance, le patient dit se souvenir d’un rêve. Le psychothérapeute l’invite alors à associer librement son rêve, sans censurer ou sélectionner tel élément au détriment d’un autre.

Ce récit constitue les pensées manifestes du rêve c’est-à-dire ce qui reste du rêve lorsque l’être retrouve son état de conscience au réveil. Cette figuration du rêve connaît des modifications, des transformations portées par la censure et le refoulement. En effet, Freud note qu’à l’état de conscience, le rêveur va avoir tendance à raconter son rêve en le modifiant notamment pour le rendre plus cohérent. Par tentative de maîtrise, le moi cherche à conférer au rêve une harmonie, une logique. Par ailleurs, cette déformation du rêve à l’état de conscience permet de dissimuler des choses que l’être ne veut pas savoir.

Tout cette reconstruction porte un nom : l’élaboration secondaire du rêve. 

Par la suite, le psychothérapeute invite le patient à se saisir de chaque élément de son rêve, un à un, sur lesquels il associe librement.

Le tour de toutes ces parcelles du rêve laisse alors place à une interprétation globale qui naît des associations libres qui précèdent.

En résumé, la technique d’interprétation du rêve suppose trois temps :

  1. Récit du rêve au moyen des pensées manifestes du rêve. Il y a transformation et tentative de maîtrise par le moi.
  2. Associer librement chaque élément du rêve.
  3. Interprétation du rêve par le rêveur qui permet l’émergence d’un contenu latent.

Par cette interprétation finale, le rêveur traduit son rêve, il accède à un sens qui lui était jusqu’ici voilé. L’interprétation du rêve déjoue la méconnaissance si précieuse au moi et donne une clé pour que l’être accède à un savoir sur lui-même.

Le rêve, à l’état manifeste se présente voilé. C’est par la technique de l’association libre que le patient peut lever le voile sur son désir inconscient.

En ce sens, le rêve est une formation de l’inconscient qui, à ne pas être ignorée, devient précieuse pour l’être. 

Freud est le premier à avoir donné une valeur clinique au rêve. Face à cet héritage, il revient au clinicien d’éveiller l’attention du patient sur ses productions oniriques. Au RPH, l’énoncé de la règle de l’association libre intègre cet élément fondamental : « associez librement vos pensées, vos rêves et votre corps ».